Adèle Sorella n'allait pas assez vite pour déraper comme elle l'a fait dans un virage du chemin du Bas Saint-François, la nuit du 1er avril. C'est plutôt une manoeuvre qu'elle a effectuée qui a provoqué le dérapage. C'est ce qui se dégage du témoignage que Pierre-Michel Desjardins, reconstitutionniste en collision à la police  de Laval, a livré au jury, mardi après-midi.

Mme Sorella est accusée des meurtres de ses filles. Amanda, 9 ans, et Sabrina, 8 ans, ont été trouvées mortes dans la luxueuse résidence familiale de la rue de l'Adjudant, vers 16h30, le 31 mars 2009. Elles étaient vivantes le matin, alors qu'elles étaient en compagnie de leur mère. Quand les corps ont été découverts, Mme Sorella était introuvable. Elle n'a été interceptée que plusieurs heures plus tard, en milieu de nuit, quand elle a eu un accident à la hauteur du 5775 Chemin du Bas Saint-François, à Laval.

Alors qu'elle circulait en direction ouest, son véhicule a dérapé et est allé percuter un poteau d'Hydro Québec, dans la voie contraire. Le poteau a été coupé en deux sous l'impact. La voiture a fini sa course dans le champ. Les dommages se trouvaient du côté conducteur, mais à l'arrière du véhicule. Manifestement, elle n'a pas été gravement blessée. Les poteaux sont conçus pour causer le moins de dommages possibles, a expliqué M. Desjardins.

L'expert qui a examiné la scène et fait les calculs croit que le conducteur du véhicule circulait à 99km/hre au début du dérapage, ce qui était sous la vitesse maximale pour négocier la courbe, qui est de 135 km/hre. La Lexus de Mme Sorella allait à une vitesse de 72km/hre lorsqu'elle a percuté le poteau. 


Pas d'urgence

Un peu plus tôt, mardi, le jury a pu entendre le témoignage de Nick De Vito, beau-frère de l'accusée. L'après-midi du drame, vers 15 hres, Mme Sorella lui a laissé un message sur son cellulaire. Elle lui demandait de venir chez elle. M. De Vito était habitué aux demandes d'aide de Mme Sorella, depuis que son époux, Giuseppe De Vito, était en cavale. Cet appel ne semblait pas faire exception, et il n'a «pas senti d'urgence.» Il était au travail à ce moment. Il a effacé le message, et a pris le temps d'aller faire réparer son cellulaire, avant de se rendre chez Mme Sorella. Quand il est arrivé sur place, vers 16h30 croit-il, il n'a pas pu se rendre au domicile. Il y avait des policiers et des cordons qui bloquaient l'accès. Luigi Sorella, frère de l'accusée, est venu lui dire qu'il était arrivé quelque chose, qu'Amanda et Sabrina étaient mortes. 


M. De Vito a expliqué que Mme Sorella avait «ses moments» et qu'elle était un peu dépressive vu les «circonstances difficiles.» Son mari, Giuseppe s'était évanoui dans la nature en novembre 2006, alors qu'environ 70 personnes étaient arrêtées dans le cadre de l'opération Colisée. Adèle a très mal pris la chose. Elle a tenté de se tuer un ou deux jours après Colisée, a raconté M. Devito. Elle a fait une autre tentative de suicide un peu plus tard, en avalant le contenu d'un flacon d'aspirine. En l'absence de son mari, Adèle comptait beaucoup sur Nick. Et ce dernier était aussi une figure importante pour les filles d'Adèle, Amanda et Sabrina. 


Mardi, le jury a aussi entendu le témoignage de la secrétaire de l'école Genesis, que fréquentaient Amanda et Sabrina. Le jour fatidique, Adèle Sorella n'a pas appelé à l'école pour motiver l'absence de ses filles, et la secrétaire n'a pas eu de réponse quand elle lui a téléphoné. La secrétaire a laissé un message, mais n'a pas eu de retour d'appel.


Le procès se poursuit mercredi.