Sous le joug d'Evgueni Mataev, Sandy fermait son esprit et ses émotions et faisait ce qu'il voulait, de peur de lui déplaire. Avec le recul, et les bienfaits d'une thérapie, elle évalue que c'était son «mécanisme de défense».

«Avant, je pensais que c'était de ma faute. Je ne savais pas quoi penser de tout ça. J'étais trop nerveuse, j'avais peur, je n'avais personne ici. Des fois, c'est plus facile de laisser faire que de combattre», a expliqué Sandy, jeudi, alors qu'elle était contre-interrogée pour la troisième journée par l'avocat de Mataev.

L'homme de 39 ans est accusé, entre autres, de traite des personnes, de proxénétisme et d'agression sexuelle armée. Quatre autres hommes sont aussi accusés, à des degrés différents, de mauvais traitements à l'égard de l'Américaine de 25 ans. Les faits se seraient produits entre septembre 2010 et mars 2011.

Relations violentes

Sandy est arrivée au Canada à l'été 2008 avec un conjoint, Kenny, qui la faisait danser et se prostituer pour les faire vivre. Kenny était violent. Sandy avait eu deux enfants aux États-Unis, dont un avec Kenny. Elle a accouché d'un troisième à Montréal. Les trois ont été confiés en adoption ou à des proches.

Quand Kenny est sorti de sa vie, Sandy a connu Mataev, qui en a fait sa «gangsta bitch». Il l'a installée dans un appartement de la rue Graham, à Mont-Royal, où la drogue et l'alcool coulaient à flots. Mataev faisait des fêtes tous les jours et Sandy était l'attraction. Elle devait coucher avec tous les hommes qui payaient, mais c'est Mataev qui recueillait l'argent.

Mataev avait une fiancée qu'il trompait allègrement avec Sandy. Il était même avec elle la veille de son mariage. Le contre-interrogatoire de Sandy se poursuit aujourd'hui.