L'oeuvre de Rémy Couture est de l'art. Mais cet art ne devrait pas être vu par des personnes de moins de 18 ans.

C'est ce qu'a fait valoir mercredi Richard Bégin, professeur et expert en cinéma appelé à la barre par la défense, alors qu'il était contre-interrogé par la procureure de la Couronne Geneviève Dagenais au procès de Rémy Couture. L'artiste de 35 ans, maquilleur spécialiste en effets spéciaux, est accusé de corruption de moeurs et de fabrication, possession et distribution de matériel obscène pour des images publiées de 2005 à 2009 sur son site internet InnerDepravity. On y voyait notamment des femmes ligotées qui se faisaient torturer puis tuer par un tueur en série, qui leur infligeait également des sévices sexuels.

Le professeur Bégin n'est pas du tout scandalisé par l'oeuvre de M. Couture. Il en a vu bien d'autres, et des pires. Selon lui, un film d'horreur vise à susciter le dégoût. «Un film d'horreur qui ne dégoûte pas, c'est comme une comédie qui ne fait pas rire», a précisé l'expert. L'oeuvre de M. Couture s'inscrit dans la «tradition du grand-guignolesque du gore», a-t-il expliqué.

«C'est le monde des violeurs qui éviscèrent leurs victimes, des amputations criminelles, des assassins coupeurs de tête, des arracheurs d'yeux, des nécrophiles et des tueurs fous», lit-on dans son rapport.

Objectivité de l'expert mise en doute

Me Dagenais, quant à elle, a remis en question l'objectivité de l'expert. Dans son rapport, celui-ci a mentionné que la «bataille de Rémy Couture est la bataille de chacun».

«Vous êtes impartial?», lui a demandé Me Dagenais d'un ton suspicieux. M. Bégin lui a assuré que oui.

Me Dagenais lui a également demandé s'il est un ami de M. Couture, puisqu'il a participé à un documentaire sur l'aventure judiciaire de ce dernier. «Vous avez appuyé le point de vue de Couture», a lancé Me Dagenais. L'expert a reconnu avoir participé à un documentaire avec M. Couture en 2010.

Après le témoignage de M. Bégin, la défense a ensuite déclaré sa preuve close. Le jury ne commencera à délibérer que dans la journée de vendredi, quand le juge Claude Champagne aura fini de lui adresser ses directives.

Rappelons que M. Couture a été arrêté par la police de Montréal en octobre 2009, deux jours avant l'Halloween. Il a expliqué lors de son témoignage qu'il ne comprenait pas pourquoi on l'arrêtait et qu'il s'est même demandé si on lui jouait un tour comme dans Insolences d'une caméra. C'était la première fois qu'il avait affaire à la police.

Il appert que ce sont des internautes, un en Autriche en 2006 et un autre plus tard en Allemagne, qui ont alerté Interpol. Le ministère public croit que certaines parties de l'oeuvre de M. Couture constituent de l'obscénité et de la corruption de moeurs, notamment parce qu'elles pourraient prédisposer certaines personnes à adopter des comportements antisociaux.