Pendant une quarantaine d'années, le pasteur Mario Monette et sa femme, Carole Van Houtte, auraient infligé des châtiments corporels à des enfants, en plus d'inciter des fidèles à faire de même. Ils ont été arrêtés jeudi à Longueuil et doivent comparaître aujourd'hui.

Coups de bâtons en bois francs, forte emprise psychologique : l'un des huit enfants du couple et son beau-frère avaient décrit l'an dernier, à la radio du 98,5 FM, les mauvais traitements qu'auraient infligés le pasteur de l'Église biblique baptiste métropolitaine sud, à Saint-Hubert, et sa femme. Jeudi, le fils de M. Monette, qu'on ne peut pas nommer en raison de son âge au moment des faits allégués, a préféré ne pas commenter l'arrestation. Le gendre du pasteur, qui a quitté l'Église biblique baptiste métropolitaine sud il y a trois ans, n'était pas disponible pour une entrevue.

UN AN D'ENQUÊTE

M. Monette et Mme Van Houtte, tous deux âgés de 65 ans, font face à 32 chefs d'accusation d'agression armée, de voies de fait, d'avoir infligé des lésions corporelles, de menaces, de séquestration, d'incitation à commettre un acte criminel. Les actes, sur des mineurs, se seraient produits, entre 1974 et 2019. L'enquête a duré un an. Le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) l'a qualifiée de « minutieuse » ; des témoins ont accepté de livrer leur version des faits seulement sous le couvert de l'anonymat.

Le visage caché tant bien que mal par ses mains menottées, le pasteur de l'Église biblique baptiste métropolitaine sud a été emmené par des agents du SPAL. Sa femme a été escortée à son tour quelques minutes plus tard, sans menottes, des verres fumés sur les yeux.

DES ALLURES DE « SECTE »

Le couple aurait exercé un « contrôle psychologique important sur certains membres de l'équipe », a précisé le relationniste du SPAL Jean-Pierre Voutsinof. D'anciens fidèles avaient confié à Paul Arcand l'an dernier que l'Église avait les allures « d'une secte ». L'un d'eux avait fait état d'humiliations devant l'assemblée en cas de désaccord avec le pasteur. Les personnes interviewées avaient aussi allégué une incitation à couper les ponts avec les proches qui n'étaient pas membres de l'Église.

Sur son site internet, l'Église biblique baptiste métropolitaine sud se décrit comme « indépendante, fondamentale, gagneuse d'âmes ». On y précise que le pasteur a fait plusieurs « voyages missionnaires aux Philippines, en Inde, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Hongrie, en Australie et en Côte d'Ivoire pour y encourager de nombreux prêcheurs et de nombreuses églises ». Pour l'instant, l'enquête concerne seulement des actes qui auraient été commis au Québec, a précisé M. Voutsinof.

M. Monette a été envoyé à Saint-Hubert pour y implanter l'Église en 1982, par l'Église biblique baptiste des Cantons-de-l'Est, l'Église mère à Sherbrooke, est-il précisé sur le site. Le pasteur de cet établissement n'a pas répondu à La Presse jeudi.

Des fidèles, des plaignants et d'ex-membres de l'Église ont aussi décliné nos demandes d'entrevue ou n'y ont pas donné suite.

Le SPAL demande à toute autre personne ayant de l'information concernant les actes qu'aurait commis le pasteur et sa femme de contacter immédiatement le Service de police en composant le 450 463-7211. Toute information sera traitée de façon confidentielle.