Le drone qui s'est écrasé il y a quelques jours sur le toit d'une école du secteur Ahuntsic-Cartierville transportait une livraison de stupéfiants, de tabac, de téléphones et autres articles de contrebande, probablement destinés à un ou des prisonniers de l'Établissement de détention de Montréal.

Un kilogramme de marijuana, quatre téléphones cellulaires, un pot de colle, trois briquets, du tabac et plusieurs cartes SIM... Le colis attaché au drone retrouvé sur le toit de l'école Ahuntsic était plein de ces articles de plus en plus acheminés au moyen de drones jusqu'aux pénitenciers de la province.

Le paquet a été ouvert après une expertise, et le dévoilement de son contenu est venu appuyer la supposition que l'appareil volait en direction de l'Établissement de détention de Montréal (prison de Bordeaux), à 2 km environ de l'école primaire.

«Le mode de fonctionnement correspond à ce qui a été déjà vu», a indiqué Véronique Dubuc, porte-parole du SPVM.

L'hypothèse n'est pas confirmée, mais «fait beaucoup de sens», a-t-elle ajouté.

Un fléau en expansion

Ce mode opératoire d'expédition de colis clandestins est devenu un important fléau dans les centres carcéraux au Québec. Pas moins de 45 fois plus de drones ont été aperçus ou interceptés près des prisons entre 2013-2014 et 2017-2018, selon les données rendues publiques par le ministère de la Sécurité publique à la suite d'une demande d'accès à l'information. En date du 31 janvier dernier, on faisait état de 180 engins, contre seulement quatre il y a quatre ans.

Le phénomène a pris énormément d'ampleur autour des années 2016-2017, où le nombre de drones a grimpé de 27 (en 2015-2016) à 120.

Le ministère de la Sécurité publique estime que «l'interaction des différentes mesures de sécurité mises en place» dans les prisons, dont «la sécurisation des cours extérieures», permet de contrer ce problème grandissant.

«Cette mesure vise d'abord à contrer les évasions, mais les grillages limitent aussi les possibilités d'intrusion d'objets illicites livrés par les drones.»

Une technologie de plus en plus avancée

Les marchandises acheminées par drone ces dernières années varient entre les stupéfiants, le tabac, le papier à rouler, ainsi que les batteries, les chargeurs, les cartes SIM ou d'autres objets comme des jeux vidéo ou des montres, notamment.

En outre, la technologie employée pour ces livraisons jusqu'aux pénitenciers s'optimise, permettant des envois plus gros et plus lourds. Le modèle de l'engin dans cette dernière affaire est d'ailleurs particulièrement sophistiqué. Il s'agit d'un DJI Matrice 600, muni de six hélices, selon nos sources.

Doté de batteries intelligentes, d'un contrôleur de vol de haut niveau et d'un GPS, l'appareil a été initialement conçu pour la photographie aérienne professionnelle ou les applications industrielles. Le site internet de l'entreprise qui le produit spécifie qu'il pèse approximativement 9 kg et qu'il a une durée de vol stationnaire de 16 à 18 minutes avec une charge de 5 à 6 kg, selon la batterie utilisée. Il peut atteindre une vitesse de 18 m/s.

Une enquête est toujours en cours concernant le colis retrouvé cette semaine. Les experts cherchent maintenant à récolter des empreintes digitales ou des traces d'ADN qui permettraient de déterminer la provenance du drone.

- Avec Daniel Renaud, La Presse