« Il n'y a rien qui va m'arrêter. » Alain Gervais, le père d'Athena, refuse que la mort de sa fille de 14 ans soit vaine. Il se lance dans une bataille pour faire resserrer les lois qui encadrent la mise en marché des boissons fortement alcoolisées et sucrées comme celle que l'adolescente aurait consommée le jour de sa mort.

« Ce sera la loi Athena », lance M. Gervais. La mort d'Athena Gervais continue de secouer le Québec. La jeune fille aurait bu, avec des camarades, une quantité encore inconnue de la boisson FCKD UP, le 26 février dernier, sur l'heure du midi. En état d'ébriété, elle n'est pas retournée en classe. Son corps gisant dans un ruisseau derrière son école secondaire à Laval a été découvert trois jours plus tard.

« De la peine, j'en ai », assure le père en entrevue avec La Presse.

« Pour l'instant, je me dis que c'est important de réagir maintenant. C'est le temps. Il faut que ça n'arrive plus », insiste Alain Gervais.

Depuis la mort de sa fille, Alain Gervais milite pour que Québec et Ottawa exercent un meilleur contrôle de l'accès aux boissons du genre FCKD UP et Four Loko (11,9 % d'alcool).

Une pétition mise en ligne par un proche de la famille d'Athena Gervais réclame notamment que les boissons à base de malt dont la teneur en alcool est supérieure à 6,5 % soient en vente dans les succursales de la Société des alcools du Québec et non dans les dépanneurs et les épiceries. « On ne parle pas d'éliminer ces boissons-là, mais de mieux les contrôler », nuance-t-il.

Depuis la mort tragique de l'adolescente, Couche-Tard a ordonné le retrait définitif de la boisson FCKD UP de ses magasins. Le fabricant québécois, le Groupe Geloso, a aussi annoncé dimanche qu'il cessait la production du produit controversé. Mais, pour le père d'Athena, le resserrement doit s'étendre à d'autres marques.

« Il n'y a pas juste FCKD UP et Four Loko, il y a d'autres produits à 9 % d'alcool, par exemple. C'est un peu moins alcoolisé, mais ça reste un danger pour les jeunes. C'est le temps de dire que c'est assez », martèle-t-il. M. Gervais réclame aussi que des messages préventifs, un peu comme ceux qui apparaissent sur les emballages de cigarettes, soient ajoutés à ce genre de produits.

POUR LE « BÉBÉ » DES AUTRES

Athena Gervais était la benjamine d'une famille qui comptait cinq filles. « C'était le bébé », indique son père, qui explique se battre maintenant « pour le bébé des autres. » Il dit trouver sa force, malgré le deuil, dans la mémoire d'Athena et chez ses autres enfants. M. Gervais dit aussi surfer sur une vague impressionnante d'appuis de parents.

« Je suis dans un tourbillon incroyable. Je carbure avec ça. L'appui que j'obtiens, ça me permet d'avancer », dit-il. « Je vais aller jusqu'à ce que la loi soit modifiée [...] Je vais me rendre jusqu'où il va falloir que je me rende. Tant que j'aurai de la force, je vais continuer », ajoute l'homme qui réside à Saint-Hyacinthe.

Les conclusions de l'analyse toxicologique exercée sur le corps d'Athena Gervais n'ont pas encore été obtenues par sa famille. La thèse de l'accident a été confirmée par la police de Laval pour expliquer la mort de l'adolescente.