Cela fera bientôt une semaine que l'inexpliqué s'est produit à la piscine du centre Père-Marquette, à Montréal. Six jours que la famille de l'adolescent retrouvé au fond de la piscine est à son chevet, aux soins intensifs de l'hôpital Sainte-Justine. Pendant ce temps, le quotidien reste pénible entre les murs de l'école secondaire du même nom, pour ses amis et camarades de classe, mais aussi pour ses enseignants.

L'une des enseignantes de B.* a exprimé cette tristesse dans un texte publié sur Facebook. « Ces jeunes sont supposés venir passer un bref moment dans ta classe, écrit-elle. Et puis ils sont supposés partir vivre leur vie. Vivre l'amour, la liberté et tout le reste. Et surtout, surtout, ces jeunes ne sont pas supposés voir leurs rêves se noyer dans le fond d'une piscine, un jeudi matin de février, à l'âge de 14 ans seulement. »

À travers les lignes de ce texte habilement écrit, on lit la peine d'une enseignante secouée par « la réalité fragile et impardonnable du vrai monde ». 

« Vendredi matin, B. n'était pas en classe. [...] Chacun à sa manière essayait de faire sens de la chaise vide qui occupait tout l'espace », a écrit l'une des enseignantes de l'adolescent, sur Facebook.

UN GARÇON DOTÉ D'« UN CHARISME FOU »

Jeudi en matinée, B. est tombé dans la piscine du quartier Rosemont. On ignore combien de temps il est resté sous l'eau avant que les élèves du groupe suivant le sien le remarquent. Il est dans le coma depuis, sa famille à son chevet.

« Il est toujours aux soins intensifs. Nous prions pour lui », a sobrement confirmé son oncle à La Presse. Un autre proche apprenait hier soir que « l'hôpital allait mettre les meilleurs neurochirurgiens afin de le ramener en forme à la maison », donnant un nouveau souffle d'espoir à la famille. 

B. est certainement un battant ; il ne pourrait en être autrement d'un sportif déterminé à la joie de vivre contagieuse.

« Dans [sa] classe, B. est sans contredit le garçon le plus populaire. Un super joueur de basketball, beau jeune homme, drôle, premier de classe en plus. Il a un charisme fou qui promet le plus bel avenir. Et quand je pose une colle à ma classe, je peux être certaine de voir B. lever joyeusement la main pour répondre », a raconté l'enseignante dans son message, avant d'enchaîner avec un exemple éloquent de la bonté et de la générosité de son élève.

« Pour B. la popularité n'est pas un mur qui le sépare des marginaux, mais plutôt un atout dont il se sert humblement pour faire sentir tout le monde bien et valorisé autour de lui », poursuit l'une des enseignantes de l'adolescent, sur Facebook.

« Quand il franchit la porte pour entrer dans mon cours, il m'offre toujours un grand sourire et un "bonjour m'dame" qui me redonne l'énergie qui me manque cruellement », a ajouté l'enseignante dans son message.

« C'EST TOUJOURS LE CHOC »

Entre les murs de l'école, les journées sont difficiles depuis le drame. L'équipe de soutien qui a été déployée par la Commission scolaire de Montréal (CSDM) est toujours sur place, disponible pour les élèves comme pour les enseignants, assure-t-on.

« C'est toujours le choc. La poussière n'est pas tout à fait retombée et l'école essaie de reprendre son souffle », a rapporté Alain Perron, porte-parole de la CSDM.

Comme en témoigne le texte de son enseignante, la blessure des événements tragiques est vive, mais tous se serrent les coudes et veulent croire à un dénouement heureux.

« Vendredi matin, B. n'était pas en classe. J'étais certaine qu'il y aurait un tas d'absents, mais les élèves étaient presque tous présents malgré le drame. Ils avaient besoin les uns des autres, voilà. Des larmes ici, des câlins par là. Beaucoup d'expression de colère face aux adultes responsables qui, selon eux, avaient manqué à leur devoir de supervision. Tout, tout était lourd », rapporte l'enseignante qui veille à ne jeter le blâme sur personne.

Le Service de police de la Ville de Montréal s'est rendu sur place et a fait un rapport d'événement. Mais aucune enquête n'est en cours, puisque l'accident n'est pas considéré comme criminel.

Le jeune homme a été retrouvé au fond de l'eau par le groupe du cours suivant, qui commence 20 minutes après celui auquel il participait. La visibilité est médiocre dans le coin de la piscine où B. se trouvait, un mur de vitres causant un reflet prononcé sur l'eau de la piscine, selon ce que La Presse a appris. L'adolescent de 14 ans n'avait plus de pouls à l'arrivée des premiers répondants.

UNE INSPECTION DES LIEUX AURA LIEU AUJOURD'HUI

Un inspecteur de la Régie du bâtiment se rendra sur place aujourd'hui pour vérifier la conformité des lieux où se trouve la piscine du centre Père-Marquette. « La Régie ne fait pas d'enquête, nous vérifions si la réglementation est respectée, précise Sylvain Lamothe, porte-parole de la Régie. Par exemple, dans le cas d'un lieu de baignade, on va voir si les équipements nécessaires sont présents, si le surveillant a la qualification requise, etc. Et si les éléments sont non conformes, on va émettre un avis. »

* Seule la première lettre de son prénom a été utilisée pour désigner l'adolescent.