Le choc est grand à Lavaltrie, dans Lanaudière, après qu'un groupe de cinq adolescents, âgés de 13 à 17 ans, eut été impliqué dans un accident de la route en fin de semaine, à Joliette. Deux jeunes sont morts et deux autres se trouvaient encore hier dans un état critique. L'adolescent de 15 ans qui conduisait illégalement le véhicule a été libéré sous promesse de comparaître.

Au bout du fil, Alain Lemay peine encore à réaliser qu'en privant son fils de sortie, il lui a peut-être sauvé la vie. Le père de famille avait réprimandé son garçon de 13 ans qui avait essayé de prendre la poudre d'escampette dans la nuit précédant le drame. « Je lui ai dit d'aller se remettre au lit parce qu'il était trois heures du matin », raconte l'homme de Lavaltrie.

Son fils est un bon ami du groupe de jeunes impliqué dans le drame. Dimanche, il aurait été invité à « aller se promener en voiture » avec eux une fois la nuit tombée. Puni et par peur de se faire prendre, il a plutôt choisi de rester chez lui. C'est en allant se recueillir sur les lieux de l'accident qu'il a confié à son père avoir déjà pris part à une balade nocturne similaire.

«Une affaire de jeunesse»

« Il l'avait fait la semaine d'avant », a déploré M. Lemay. « C'est une affaire de jeunesse, c'est pour le fun de se promener avec une auto sans avoir de permis », poursuit-il, cherchant encore à comprendre « l'inexplicable ». Par ailleurs, une vidéo transmise à La Presse hier montre un groupe d'adolescents s'adonnant à la même pratique dans le secteur de Joliette.

Selon nos informations, des jeunes qu'on y voit à bord pourraient être parmi ceux qui ont été impliqués dans l'accident mortel survenu dans la nuit de dimanche à lundi. Dans la vidéo d'une trentaine de secondes, filmée avec ce qui semble être un cellulaire, on entend le passager avant et le conducteur blaguer à propos de leur âge et du fait que celui au volant n'est pas titulaire d'un permis de conduire.

Dur retout en classe

Si le fils de M. Lemay allait « bien » hier, le père appréhendait le retour en classe aujourd'hui après le long congé. Son garçon partageait son casier avec l'une des victimes.

« Je suis encore sous le choc. Tu ne te lèves pas un matin en te disant que ça se peut que ton ami soit mort. »

« Ça me fait réfléchir qu'il faut faire attention, qu'il ne faut pas niaiser avec ça », a confié le jeune de 13 ans.

L'école secondaire de la Rive, à Lavaltrie, a fait savoir sur sa page Facebook qu'un « comité de postvention » était mis en place « pour soutenir les élèves, familles et membres du personnel ». Une équipe de professionnels devait aussi être présente pour accueillir les élèves. La maison de jeunes de l'endroit a également ouvert ses portes exceptionnellement hier soir.

« Vous êtes nombreux à souffrir depuis hier. Toute l'équipe pense à vous », pouvait-on lire sur la page Facebook de l'organisme, qui a donné le numéro de téléphone de la ligne d'écoute pour les personnes endeuillées, le 1 888 LE DEUIL. Le club de soccer de Lavaltrie a aussi « dégonflé ses ballons » en signe de « solidarité aux familles » touchées par le drame.

La Ville de Lavaltrie a offert son appui à sa communauté « en deuil de sa jeunesse » en mettant son drapeau en berne « à la mémoire des disparus et en soutien à ceux qui luttent toujours pour leur vie ». La députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, s'est dite « bouleversée » par le tragique accident qui a secoué sa circonscription et a elle aussi transmis ses condoléances.

Deux jeunes toujours dans un état critique

L'adolescent de 15 ans qui conduisait illégalement le véhicule a été rencontré par les enquêteurs de la Sûreté du Québec puis libéré hier sous promesse de comparaître devant un juge de la Chambre de la jeunesse, le 22 novembre, au palais de justice de Joliette. Il pourrait faire face à des accusations de conduite dangereuse et de négligence criminelle causant la mort.

Deux jeunes de 14 et 17 ans ont péri dans l'accident et deux autres, âgés de 13 et 16 ans, se trouvent toujours dans un état critique. L'état du passager de 13 ans serait néanmoins stable, a fait savoir la Sûreté du Québec. Le conducteur, lui, a subi des blessures mineures. Une enquête est ouverte pour tenter de déterminer les causes et circonstances du drame.

La vitesse pourrait avoir été « un facteur contributif ». Une inspection mécanique du véhicule, qui appartenait aux parents d'un des jeunes impliqués, sera aussi réalisée. Le jeune conducteur a perdu la maîtrise de la voiture dans une courbe du boulevard Base-de-Roc, à Joliette, pour finir sa course en percutant un arbre, vers 2 h du matin.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Les jeunes et la route

16 ANS MINIMUM

Il faut être âgé d'au minimum 16 ans pour être au volant d'une automobile (classe 5). Avant d'être titulaire d'un permis de conduire, il faut avoir obtenu un permis d'apprenti conducteur et réalisé avec succès un cours de conduite ainsi que les examens théorique et pratique de la Société de l'assurance automobile du Québec.Source : SAAQ

VITESSE ET ACCIDENTS MORTELS

Les jeunes âgés de 16 à 24 ans représentent 9 % des titulaires de permis de conduire au Québec, mais sont impliqués dans 20 % des accidents avec dommages corporels. De 2012 à 2016, la vitesse était en cause dans 58 % des accidents mortels impliquant cette catégorie de conducteurs.