Un homme de 45 ans a été formellement accusé, mercredi après-midi au palais de justice de Montréal, d'avoir tenu des propos haineux sur les médias sociaux.

Le suspect a été arrêté tard mardi soir dans une résidence de Kirkland, dans l'ouest de l'île de Montréal.

Antonio Padula est accusé d'avoir, par la communication de déclarations autrement que dans une conversation privée, fomenté volontairement la haine contre un groupe identifiable, et d'avoir sciemment «proféré, transmis ou fait recevoir par une personne» une menace de causer la mort ou des lésions corporelles à quelqu'un.

La Couronne s'est opposée à sa libération, et une audience sur la remise en liberté sous caution doit se tenir jeudi.

Un homme ébranlé

Selon le document de mise en accusation, les propos et les menaces allégués ont été diffusés mardi.

Antonio Padula, portant un maillot de l'équipe de soccer Juventus, a comparu par visioconférence et a semblé ébranlé lorsque la Couronne s'est opposée à sa libération. Il a notamment dit qu'il ne supporterait pas de passer une nuit en détention.

La Couronne a demandé un examen de l'accusé par un professionnel psychosocial avant une prochaine audience sur une remise en liberté sous caution.

L'accusation d'incitation à la haine peut entraîner une peine maximale de deux années de prison, tandis que celle de profération de menaces peut valoir au responsable une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.

Hausse des plaintes

Cette arrestation survient alors que les autorités affirment que le nombre de plaintes pour propos haineux a connu une hausse importante depuis l'attentat sanglant de dimanche soir dans une mosquée de Québec.

Ce sont des agents de la Sûreté du Québec (SQ) qui menaient une surveillance des messages écrits sur les réseaux sociaux qui ont relevé les propos haineux diffusés par l'homme.

Le Service de police de la Ville de Montréal a été avisé et a envoyé des agents arrêter l'individu dans une résidence de la rue de Shediac. Une perquisition a ensuite été effectuée.

Mardi, le chef des communications avec les médias pour la SQ, le capitaine Guy Lapointe, a rappelé aux internautes que leurs commentaires publiés en ligne peuvent mener à des accusations criminelles.

«Les propos menaçants ou la propagande haineuse sur les médias sociaux, peu importe l'intention (humour), peuvent s'avérer criminels», a-t-il écrit sur Twitter.

«Dans le doute, abstenez-vous! Les inhibitions sont moins présentes derrière un clavier», a-t-il poursuivi.

De nombreux signalements à la SQ pour des propos haineux

Depuis l'attentat de dimanche, la SQ a reçu près de 175 signalements de citoyens qui souhaitaient rapporter des propos haineux ou violents, dont des menaces. Des propos idéologiques, qui pouvaient viser certains groupes, a indiqué mercredi la porte-parole de la SQ, Mélanie Dumaresq.

On constate une recrudescence, a-t-elle précisé.

Certains de ces cas font l'objet d'enquêtes, mais aucune accusation criminelle n'avait encore été déposée mercredi après-midi relativement à ces signalements.

La force policière provinciale a précisé avoir été mise au courant de ces cas par des appels logés à sa centrale de l'information criminelle, aux postes de police directement et par l'entremise de ses propres comptes sur les réseaux sociaux.

Certains de ces signalements pour des propos haineux ou violents étaient liés à l'attentat de dimanche à la mosquée de Québec et avaient notamment été mis en ligne sur des pages de réseaux sociaux tels que Facebook. Mme Dumaresq n'a pu préciser si les écrits visaient spécifiquement la communauté musulmane.