Le Centre culturel musulman de la Côte-Nord à Sept-Îles a été la cible d'un incendie suspect et «possiblement criminel» qui a bien failli ravager l'établissement religieux vendredi soir. C'est la seconde fois en deux mois que le lieu de culte est ainsi vandalisé.

Le président du Centre et septilien depuis 40 ans, Ben Rouine était toujours renversé par les évènements de la veille samedi, alors qu'il constatait l'étendue des dégâts au moment de l'entrevue. «C'est la stupéfaction, l'incompréhension, la déception... Il n'y a pas de place pour pareil acte», affirme-t-il, au bout du fil. Sans l'intervention rapide des pompiers, le lieu de culte aurait flambé la nuit dernière, assure-t-il.

L'incendie s'est déclaré vers 22 h 40 et a rapidement été maîtrisé par les pompiers à la suite de l'appel d'un citoyen. Personne n'était à l'intérieur. L'enquête est en cours. Aucune arrestation n'a été effectuée, a indiqué Christine Coulombe, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ).

Les dommages causés au bâtiment de la rue Brochu sont mineurs. Seule une partie du bâtiment, près de l'alimentation électrique extérieure, a subi des dégâts importants. Le vandale a fait un trou dans le mur et a lancé des matières brûlantes à l'intérieur.

Une caméra de surveillance a filmé toute la scène, indique Ben Rouine. «On a visionné les images. On y voit un homme avec son chien. Il a utilisé un accélérant, puisque que ça a flambé tout de suite. Il y a eu des flammèches. Le monsieur était décidé», raconte-t-il.

«C'est choquant et triste ! Ce sont des messages de haines successifs», s'insurge Nizar Aouini, membre de l'association du Centre culturel musulman. Le résidant de Sept-Îles craint «sérieusement» pour sa vie et celles des autres musulmans de la ville.  «L'intention [du vandale] était claire», tranche-t-il.

Sans s'alarmer par l'incident, Ben Rouine s'inquiète que le suspect ait utilisé le feu pour commettre le méfait. C'est «fort possible» selon lui qu'il s'agit d'un crime haineux. Néanmoins, il est important de faire la distinction entre cet acte isolé et le comportement des citoyens, dit-il. «Ça fait presque 40 ans que je suis à Sept-Îles. Les Septiliens ne sont pas comme ce monsieur-là. Il ne représente pas la majorité. Il ne faut mettre tout le monde dans le même panier», maintient-il.

Ce n'est pas la première fois que le Centre est ainsi touché. L'intérieur des locaux du lieu de culte avait été vandalisé dans la nuit du 24 octobre dernier. De nombreux meubles avaient été brisés. Des plantes avaient été renversées au sol. Même les tapis de prière étaient en chiffons. L'incident avait provoqué une vague de dénonciation contre ce crime.

Or, selon les policiers, ce crime n'était pas à caractère haineux. L'auteur était un ivrogne de 38 ans qui se serait pris par hasard au bâtiment à la sortie d'un bar. Une théorie à laquelle n'adhère pas Nizar Aouini. «Je pense que ce n'était sûrement pas un acte de bienvenue ou d'amour !».

Ben Rouine a rencontré le vandale et lui a même tendu la main pour l'aider. «On jasé avec. Il se repent, il regrette. Il essaie de se prendre en main». Selon lui, les deux incidents sont loin d'être pareils. «Cette fois, c'est du feu...», lâche-t-il.

Le Centre culturel musulman de la Côte-Nord a comme objectif de «créer un cadre de vie qui faciliterait l'intégration des membres de la communauté musulmane au sein de la société québécoise tout en permettant leur épanouissement culturel et en développant la solidarité entre eux». Il est fréquenté par une dizaine de musulmans.

PHOTO COURTOISIE

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