Plus d'une centaine de manifestants se sont rassemblés jeudi soir à la place Norman-Bethune, au centre-ville de Montréal, pour dénoncer la violence policière, le profilage racial et en particulier, la mort d'Abdirahman Abdi. Cet homme noir de 37 ans est mort lundi à la suite d'une intervention policière musclée à Ottawa.

«Black Lives Matter!» [Les vies noires comptent] a scandé la foule - certains les bras dans les airs - en marchant sur la rue Peel, puis sur la rue Sainte-Catherine, en plein centre-ville. Les manifestants se sont ensuite arrêtés devant le poste de police 20, protégé par plusieurs policiers, où ils ont observé une minute de silence. Aucun incident n'a été rapporté par les policiers.

«Justice pour Abdi! Justice pour Freddy [Villanueva] ! Justice pour [Jean-Pierre] Bony! Justice pour [Alain] Magloire!», ont crié les manifestants, en poursuivant leur marche pacifique. Une allusion à ces Montréalais abattus par des policiers du Service de police de Montréal (SPVM) au cours des dernières années pendant des opérations policières qui ont mal tourné.

«J'espère que ça va conscientiser la population sur le fait qu'il existe du racisme au Québec et au Canada», a expliqué à La Presse la militante Marlihan Lopez, une des organisatrices de l'évènement. Elle estime que la couleur de la peau d'Abdirahman Abdi a joué un rôle dans sa mort. «L'homme noir est toujours perçu comme étant plus menaçant par les policiers», déplore-t-elle.

Abdirahman Abdi, qui souffrait de problèmes de santé mentale, a été arrêté dimanche par les policiers Daniel Montsion et Dave Weir du Service de police d'Ottawa. Il est mort le lendemain à l'hôpital. Des témoins ont rapporté qu'il avait été violenté par les policiers. L'Unité des enquêtes spéciales de l'Ontario enquête sur l'intervention.

Le militant Will Prosper estime que les jeunes noirs au Québec sont beaucoup plus susceptibles d'être victime de profilage racial que les autres jeunes. «Ici, tout se passe bien, disent-ils. Demandez à Freddy Villanueva qui est six pieds sous terre, si ça se passe bien pour lui! Demandez à Bony Jean Pierre si ça se passe bien pour lui!», a-t-il lancé à la foule rassemblée plus tôt à la place Norman-Bethune, près de l'Université Concordia.