Un travailleur de la construction à pied d'oeuvre sous l'estacade du pont Champlain a fait une chute mortelle de quelques mètres, mardi midi, quand l'énorme plateforme sur laquelle il se trouvait a partiellement cédé pour une raison inconnue. Le corps de Dany Cléroux, 44 ans, de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, dans la couronne nord de Montréal, a été repêché dans le fleuve Saint-Laurent à la tombée du jour.

Les pompiers, la garde côtière et la Sûreté du Québec (SQ) ont mené des recherches tout l'après-midi pour retrouver le travailleur, et ce, de l'estacade du pont jusqu'au pont Victoria. Mais au fil des heures, les espoirs de retrouver la victime vivante se sont amenuisés. Vers 18h40, son corps a finalement été repêché tout près de la plateforme chambranlante, sur laquelle s'entassaient toujours une douzaine de travailleurs depuis des heures.

Ce n'est toutefois pas une équipe de plongeurs de la SQ qui a fait la macabre découverte, confirme Anne Mathieu, porte-parole de la SQ. Il s'agirait plutôt d'un plongeur de l'entreprise d'inspection et de réparation de structures Mistras Services, qui travaillait plus loin sur l'estacade au moment du drame, a indiqué à La Presse un chef d'équipe de l'entreprise.

Le drame s'est produit quasi en plein milieu du fleuve, à quelques centaines de mètres de l'île des Soeurs. Malgré la distance, l'énorme plateforme de travail désarticulée était bien visible de la rive. Une de ses extrémités penchait d'ailleurs dangereusement vers le fleuve, comme si la structure pouvait s'écrouler dans les eaux à tout moment.

Fleuve peu profond

Le fleuve ne fait que trois ou quatre mètres de profondeur à cet endroit, soutient un travailleur interrogé par La Presse. Le courant serait toutefois plus puissant qu'il n'y paraît, même si le fleuve semble calme, vu de loin. Selon le site internet de l'Observatoire global du Saint-Laurent, la température de l'eau était d'environ 21 °C au moment de l'accident, à la hauteur de Montréal. Il n'a pas été possible de joindre les proches de M. Cléroux ou d'obtenir une entrevue avec son employeur.

«Par respect pour le travailleur, sa famille et ses collègues de travail, alors que les émotions sont intenses et que les questions fusent de partout, nous préférons n'émettre aucun commentaire [...]», a indiqué par courriel Yves Lefrançois, vice-président du Groupe TNT, hier soir.

La Sûreté du Québec et la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) poursuivront l'enquête aujourd'hui sur les lieux de l'accident. «Notre mandat, c'est de déterminer s'il y a des éléments criminels reliés à ce décès-là», a indiqué la porte-parole de la SQ Anne Mathieu. La CSST doit quant à elle déterminer les causes de l'accident et la responsabilité des acteurs dans le drame. On ignore dans quelle mesure l'accident retardera les travaux qui étaient en cours sur l'estacade et sur le pont Champlain, situé tout près.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard