Même s'il est mort durant leur intervention, les policiers ont agi correctement en utilisant la force et en envoyant deux décharges de pistolet électrique Taser sur un homme qu'ils n'arrivaient pas à maîtriser en novembre 2013, estime le coroner.

La mort de Donald Ménard, 41 ans, lors d'une opération policière dans une maison de chambres de Montréal, 24 heures après avoir été porté disparu de l'Institut Philippe-Pinel, a fait grand bruit l'an dernier.

L'homme était détenu à l'Institut depuis une déclaration de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux dans une affaire de maltraitance envers les animaux.

Il n'en était pas à sa première fugue, le 10 novembre, lorsqu'il s'est retrouvé devant une maison de chambres de la rue Saint-André, dans le quartier Centre-Sud. Même s'il n'y résidait pas, un locataire l'a fait entrer pour qu'il se réchauffe un peu.

Avec une autre résidante, ils ont consommé de la bière et de la drogue. À un moment, la résidante a eu un malaise et a perdu connaissance. Lorsque les policiers sont arrivés pour lui porter secours, Donald Ménard a disjoncté. Après avoir tenté de le maîtriser avec du poivre de Cayenne et leurs bâtons télescopiques, les policiers ont donné deux décharges de Taser. L'homme est mort.

À l'époque, l'intervention des policiers avait soulevé plusieurs questions et fait resurgir le débat sur l'utilisation du pistolet électrique par les agents de la paix.

Mais selon le rapport du coroner Jean Brochu, que La Presse a obtenu, même si les décharges de Taser ont probablement contribué à la mort de l'homme, les policiers semblent avoir agi correctement.

Pour une utilisation accrue du Taser

Le coroner, qui a déjà enquêté sur des drames qui l'ont mené à se pencher sur le recours au pistolet Taser, a recommandé par le passé que davantage de policiers soient formés pour utiliser le Taser et qu'un nombre accru de ces armes soient accessibles en territoire montréalais. En entrevue, il affirme que la mort de Donald Ménard ne lui a pas fait changer d'idée.

«Dans les circonstances, ils avaient de bonnes raisons de vouloir l'arrêter au moins pour le questionner», explique le Dr Brochu.

Lorsque les policiers sont entrés dans la maison de chambres en novembre 2013, ils ont vu deux hommes dans l'appartement. Donald Ménard semblait très agressif. L'autre avait l'air apeuré. Surtout, note le coroner, une femme était inconsciente et avait besoin de soins. Un policier l'a aperçue allongée sur le plancher, les pantalons baissés aux chevilles et les sous-vêtements aux mollets. Il fallait agir le plus rapidement possible.

Mais avant que les quatre patrouilleurs présents puissent intervenir, M. Ménard, qui pesait plus de 100 kg, les a attaqués.

Selon l'enquête du coroner, ils ont utilisé une gradation de moyens correcte afin de le maîtriser, passant de la parole au poivre de Cayenne, puis du bâton au Taser.

«Faisant face à un individu sans arme, probablement très perturbé, mais qu'il fallait immobiliser, les policiers ont utilisé les moyens appropriés: la force physique de quatre agents s'avérant insuffisante», dit le rapport.

Mort d'une arythmie cardiaque maligne

L'enquête a révélé que le défunt souffrait d'une maladie coronarienne non diagnostiquée.

«Dans un contexte de stress intense, après une altercation avec quatre policiers tentant de l'immobiliser [...], il a reçu deux décharges d'un dispositif à impulsions électriques et il est décédé d'une arythmie cardiaque maligne.»

Selon ce que le coroner a confié en entrevue, M. Ménard «ne serait probablement pas mort s'il n'avait pas eu une maladie d'une telle intensité».