Marco Lavoie n'avait plus que quelques jours à vivre lorsqu'il a enfin été repéré par Valérie Caron et Alexandre Cotes, qui survolaient la région à sa recherche, à bord d'un hélicoptère. Pour ce sauvetage in extremis, survenu le 30 octobre 2013, les deux agents de la Sûreté du Québec en Abitibi ont reçu jeudi dernier un Cristal des Prix policiers du Québec.

« Ils sont passés une première fois le 29 octobre, mais il y avait du verglas et ils ont dû repartir », raconte Marco Lavoie.

Ce jour-là, il n'avait pas été assez rapide pour atteindre la berge de la rivière Nottaway, dans le Nord-du-Québec.

« Mes bottes étaient glacées, je n'arrivais pas à les mettre. Quand je me suis enfin rendu sur la berge, l'hélicoptère était parti. C'était décourageant. »

L'hélicoptère est revenu le lendemain. « Là, je ne me suis pas habillé, je suis parti à la course, j'ai même déboulé la côte. Quand je cherchais de la nourriture, je marchais à peu près 20 pieds, et je m'écrasais par terre pour reprendre mon souffle, mon coeur battait à tout rompre. Mais quand j'ai entendu l'hélicoptère, j'ai couru. Je ne sais pas comment j'ai fait. L'adrénaline, sans doute. »

L'hélicoptère a dû se poser un kilomètre plus loin. Les policiers Caron et Cotes se sont enfoncés dans la forêt. Le sol était glacé et rocailleux. Au bout de 20 minutes de marche, ils ont découvert un homme émacié, en état d'hypothermie et de grave déshydratation. Un homme si faible que l'agent Cotes a dû le porter sur son dos jusqu'à l'hélicoptère.

Un an plus tard, Marco Lavoie souffre encore des séquelles de ses 86 jours en enfer. Il avait toujours eu une santé de fer. Mais son corps n'a pas tenu le coup. Le 26 novembre, son coeur a cessé de battre. Au bout de deux minutes, des médecins ont réussi à le réanimer, mais depuis, ses ennuis de santé l'ont empêché de reprendre son travail. Et comme il a perdu tout son équipement, il ne peut que rêver de retourner en forêt. Pour le moment.

Un jour, pourtant, il retournera sur la rivière Nottaway. Pour finir ce qu'il avait commencé.

Et parce que, malgré sa mésaventure, c'est dans le bois qu'il se sent le mieux. Qu'il se sent vivre. « J'aime trop ça. Je suis vraiment bien quand je pars. C'est un immense sentiment de liberté. »