Une erreur humaine pourrait être à l'origine de l'accident d'autocar survenu vendredi dernier sur l'autoroute 87, dans l'État de New York. Certains passagers soutiennent que le chauffeur se serait endormi au volant, tandis que le conducteur invoque plutôt une fausse manoeuvre.

Alain Blais était l'un des seuls passagers encore éveillés dans l'autocar avant l'accident qui a fait un mort et des dizaines de blessés.

Assis juste derrière le conducteur, il regardait les magnifiques montagnes qui bordent l'autoroute 87 lorsqu'il a réalisé que quelque chose clochait.

«On l'a senti [le chauffeur] se diriger vers l'accotement. Un passager et moi avons crié: "eille!" Tout de suite après, nous avons entendu: "oh, shit!" C'était peut-être le chauffeur qui criait...»

Alain Blais croit avoir réveillé le chauffeur avec ses cris.

«La dernière chose dont je me souviens dans l'autobus, c'est d'avoir vu le chauffeur essayer de rattraper le coup et donner un coup de volant», ajoute-t-il.

Mais il était trop tard. Le véhicule était déjà dans le fossé, entre les deux voies de l'autoroute.

La police de l'État de New York enquête toujours sur les circonstances exactes de l'accident. Mais selon ce qu'il nous a été possible d'apprendre, le chauffeur se défend de s'être endormi au volant. Il soutient plutôt qu'un camion aurait tenté de dépasser l'autocar, et qu'il aurait perdu le contact visuel avec ce camion. Il aurait ensuite paniqué et perdu la maîtrise de son véhicule.

Le chauffeur en question, Réjean Perron, conduit des autocars depuis plus d'une trentaine d'années. «La première chose qu'il nous a dit en sortant, c'est qu'il était en état de choc», indique Alain Blais. «Il a dit: "Je m'excuse, c'est la première fois que ça m'arrive." Il était en choc, le pauvre monsieur.»

D'autres passagers ont également leur interprétation de l'accident.

«On a vraiment passé deux voies au ralenti, j'ai eu le temps de me préparer pour le choc dans le fond de l'autobus», relate Michael Pellerin. «Je n'ai jamais senti de coup de volant. Ç'a été doux jusqu'à ce qu'on chavire.»

Le jeune homme de 23 ans a même eu le temps de protéger sa copine avant le choc. Mais il s'en tire plutôt amoché. Joint à l'hôpital de Plattsburgh, il se remet encore d'une lacération à la rate. Il devrait être rapatrié au Québec au cours des prochains jours.

«Je ne sais pas si le chauffeur s'est endormi ou s'il a perdu le contrôle, mais c'était vraiment bizarre de la façon dont ça s'est fait», ajoute-t-il.

La fille de M. Blais, Véronique, assise à l'avant elle aussi, ne blâme pas le chauffeur. Elle en veut surtout à l'entreprise Autobus Fleur de Lys, propriétaire des autocars.

«Je mets ça sur la faute des compagnies d'autocars qui forcent leur chauffeur à faire trop d'heures. Ils veulent sauver de l'argent, donc c'est ça que ça fait. Il y a une petite fille qui a payé de sa vie pour sauver de l'argent.» La jeune femme explique qu'elle a beaucoup de difficulté à se remettre de l'événement. Elle n'arrive plus à conduire et pleure sans raison depuis l'accident.

L'entreprise se défend

Le propriétaire de l'entreprise, Georges Morissette, soutient de son côté qu'Autobus Fleur de Lys respecte les règles établies par la Société de l'assurance automobile du Québec, et qu'il est fréquent de voir des chauffeurs se relayer lors d'un voyage, même si ce n'était pas le cas vendredi dernier.

Le patron du chauffeur réfute également la thèse selon laquelle un bris mécanique pourrait être à la cause de l'accident, en soutenant qu'une inspection complète du véhicule avait été faite deux jours avant le drame.