La petite Victoria vient à peine de voir le jour mais déjà le premier ministre Philippe Couillard s'intéresse à son sort.

L'enfant a été kidnappée, lundi, dans un hôpital de Trois-Rivières à peine quelques heures après sa naissance mais heureusement, elle a été rapidement retrouvée saine et sauve.

M. Couillard est brièvement revenu sur cet épisode, mardi, en invitant les journalistes auxquels il s'adressait à effectuer un effort de transposition. «Mettez-vous à la place des parents qui, tout d'un coup, vivent ça. Quelle angoisse terrible! L'important c'est que ça se termine quand même bien», a-t-il déclaré.

M. Couillard n'a toutefois pas voulu se prononcer sur la nécessité de réviser les protocoles de surveillance en vigueur dans les établissements hospitaliers. Il s'est borné à répéter que c'est le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, «qui s'occupe de ça».

Ce dernier ne s'est pas trop fait prier pour se prononcer sur l'incident. À ses yeux, pour éviter une répétition de ce scénario hautement stressant, «on doit avoir en place des mesures de sécurité (...) raisonnables». D'ailleurs, il a demandé «à toutes les directions d'hôpitaux de revoir leurs règles» en la matière.

Sa collègue de la Sécurité publique, Lise Thériault, a elle aussi réagi promptement. Elle a martelé que «ce n'est pas normal que quelqu'un puisse rentrer dans un hôpital et partir avec un bébé».

Dans ce cas précis, une dame s'est présentée au pavillon Sainte-Marie du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières peu avant 19h lundi soir. Vêtue comme une infirmière, elle est entrée dans la chambre d'une nouvelle mère sous un faux prétexte. Elle a ensuite quitté les lieux avec son poupon.

L'enfant a été localisée vers 22h au terme d'une opération policière d'envergure. Plusieurs barrages routiers avaient été mis en place afin de questionner des conducteurs. La Sûreté du Québec (SQ) avait même déclenché une alerte AMBER.

La femme qui serait à l'origine du kidnapping a rapidement été arrêtée à son domicile. Sa comparution se fera toutefois attendre. Mardi en fin d'après-midi, la Trifluvienne de 21 ans était toujours hospitalisée.

Selon Claude Denis, porte-parole pour la SQ, la suspecte sera questionnée de nouveau par les enquêteurs dès que sa condition le permettra. Il a indiqué que «ce n'est qu'une question de temps» avant que cet interrogatoire n'ait lieu. Sa consoeur Christine Coulombe a souligné que cette rencontre ne se déroulera pas tant et aussi longtemps que «les médecins n'auront pas donné leur feu vert».

M. Denis n'a pas voulu préciser si la femme avait besoin d'être traitée pour des problèmes physiques ou pour des troubles psychiatriques.

Il a indiqué qu'elle est bien sûr soupçonnée d'avoir commis un enlèvement, mais qu'il est trop tôt pour dire si d'autres chefs d'accusation pourraient être retenus contre elle.

Au lendemain de cette soirée mouvementée, Claude Denis a tenu à souligner que les policiers devaient une fière chandelle aux médias mais aussi à la population qui ont conjointement permis d'éviter que cette histoire ne tourne au drame. «On a quand même eu la collaboration de plusieurs intervenants évidemment, premièrement, des médias conventionnels mais aussi des médias sociaux et des citoyens», a-t-il expliqué.

La maman, qui a été plongée bien malgré elle au coeur de ce cauchemar, a abondé dans le même sens que M. Denis.

Sur sa page «Facebook», Mélissa McMahon a écrit que son conjoint Simon Boisclair et elle ont eu, en fin de compte, «beaucoup de chance» grâce au soutien offert entre autres par les journalistes et le grand public. En dépit de sa profonde détresse, elle a pu remarquer, pendant les quelques heures où sa fille manquait à l'appel, que le peuple québécois «se soutient et s'entraide» dans les circonstances les plus dramatiques.

Mme McMahon a aussi longuement encensé les forces de l'ordre en notant que les policiers «ont fait preuve de beaucoup de compassion et qu'(ils) se sont mis au travail sans tarder pour retrouver» sa petite Victoria.

Elle a aussi servi un avertissement aux nouveaux parents. «Ne vous laissez jamais influencer par un uniforme. (...) Vérifiez le badge de l'infirmière. Posez des questions», a-t-elle noté. Elle a admis que si elle s'était «méfiée, tout ça aurait été évité».

La directrice générale d'Enfant-Retour Québec, Pina Arcamone, a mentionné que les dernières heures ont été de véritables montages russes émotionnelles non seulement pour le couple confronté à cette épreuve mais aussi pour son équipe.

«On a été bouleversé d'apprendre qu'une enfant avait été kidnappée d'un hôpital, mais très soulagé de voir qu'elle a été retrouvée quelques heures plus tard», a-t-elle dit en entrevue.

D'après Mme Arcamone, il est primordial de tirer collectivement une leçon de cette histoire. «Une disparition peut arriver à n'importe quel moment, dans n'importe quel endroit, à n'importe qui. Ça ne prend que quelques secondes donc, (...) on doit toujours demeurer vigilant», a-t-elle rappelé.

Il ne faut pas, pour autant, sombrer dans la paranoïa, à son avis, car il est rarissime qu'un tel modus operandi soit utilisé par les auteurs d'un rapt.

Dans un bref communiqué, la direction du Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières a soutenu qu'elle s'est montrée sensible à l'angoisse des membres de la famille visée par ce crime inédit dès l'instant où la disparition de l'enfant a été constatée.

Elle en a profité au passage pour lancer des fleurs «aux équipes internes de même (qu'aux) usagers et visiteurs de l'établissement» où l'enlèvement a été perpétré en rapportant que tous ces gens s'étaient mobilisés afin de glaner «un maximum de renseignements utiles pour (favoriser la progression de) l'enquête policière».

Elle a insisté sur le fait que les caméras de surveillance et le travail des agents de sécurité «ont permis d'identifier rapidement la suspecte».