Un juge de la Cour du Québec se demande si le propriétaire immobilier controversé Paul Tovan a été la cible d'une « machination » du coordonnateur de Logemen'occupe, François Roy, lors d'une manifestation devant un de ses taudis de la rue Morin à Gatineau, en mai dernier.

Ce questionnement du juge Richard Côté s'est tenu hier, dans le cadre du procès de Paul Tovan, accusé de voies de fait sur François Roy.

Les faits reprochés remontent au 8 mai, au 23, rue Morin, un immeuble insalubre de Gatineau, autrefois une propriété de M. Tovan.

La Ville de Gatineau a exproprié cette adresse, depuis ce temps. La municipalité veut refaire la rue Morin, depuis longtemps reconnue pour ses taudis.

Au printemps 2013, François Roy a entamé une grève de la faim afin de mettre de la pression sur la Ville pour éradiquer les logements insalubres et les taudis.

En mai 2013, une femme s'est rendue au 23, Morin, afin de louer l'endroit. Elle a signé un bail avec M. Tovan.

« Le même matin, explique le juge, elle remarque que le logement est dans un état lamentable. Elle se rend voir M. Roy, et signe une autorisation afin que celui-ci puisse y rester. On sait que l'organisme a déjà fait plusieurs plaintes concernant cet endroit, affirmant que la Ville négligeait de passer à l'action. Une famille a déjà été évacuée de cet endroit. »

François Roy a convoqué la presse, le 8 mai, lors d'une manifestation au 23, rue Morin.

« Après le départ des journalistes, Paul Tovan est arrivé avec d'autres hommes, poursuit le magistrat. L'accusé a levé le poing, M. Roy a évité un coup. Puis M. Tovan l'a poussé. »

Complicité ?

« Je me demande pourquoi M. Roy n'a pas dissuadé la femme de ne pas louer cet endroit, se questionne le juge. Le compte d'Hydro-Québec avait été mis au nom de Logemen'occupe, et le loyer (850 $) a lui a été remboursé par l'organisme. »

La locataire initiale aurait insisté auprès de M. Tovan pour louer l'endroit, ajoutant qu'elle pouvait effectuer des travaux de rénovation dans l'appartement, puisque M. Tovan semblait hésiter à louer l'endroit. La Ville avait émis l'ordre de rendre l'endroit salubre avant de louer.

La locataire est demeurée introuvable par la suite, a rappelé le juge.

« M. Tovan admet qu'il était en colère, rappelle le juge. M. Roy l'a empêché d'entrer. Oui, ils se sont poussés. Ensuite, M. Tovan a décidé de quitter les lieux. »

« De toute évidence, le tribunal est d'avis qu'il y a eu connivence entre Logemen'occupe et la femme, parce qu'il y a eu remboursement du loyer et la prise de responsabilité de la facture d'Hydro. L'accusé ne connaissait pas cette machination. M. Roy était en partie artisan de cette situation. »

François Roy explique que son organisme avait bien averti les gens de ne pas louer cet endroit, à l'époque.

« On avait averti la dame avant, explique-t-il. Elle a loué quand même et l'endroit était insalubre. C'est pour cela qu'on a fait cette manifestation. Le juge n'avait pas l'air de me croire », explique-t-il.

Paul Tovan écope d'une peine suspendue de six mois, et ne peut entrer en contact avec la femme et François Roy, sauf si ces deux derniers le désirent.

Le tribunal a reconnu que la femme était dans son droit de sous-louer l'endroit. M. Tovan ne pouvait prétendre qu'il avait le droit d'y entrer sans permission. « Tout cela a été manipulé », a simplement déclaré. M. Tovan.