Une amie de Martin Godin, l'homme soupçonné d'avoir tué son ex-conjointe, le nouveau conjoint de celle-ci ainsi qu'au moins une de ses filles samedi dans Chaudière-Appalaches, croit que c'est son orgueil exagéré qui a causé le drame familial.

Manon Gaudreault est l'une des premières personnes dans l'entourage de l'homme à s'exprimer publiquement sur le seul suspect dans cette affaire.

Selon elle, l'homme n'avait jamais montré de signes de violence et de comportements suicidaires auparavant.

«C'était un bon père de famille et je pense qu'il n'a juste pas digéré la rupture. Est-ce une question de trop de fierté? Tu sais quand on dit trop de fierté?, a confié Manon Gaudreault à La Presse, en entrevue. Je pense que les fils se sont touchés, carrément.»

Elle connaissait Godin depuis plusieurs années. Leurs filles respectives étaient dans les mêmes classes à l'école.

Selon Mme Gaudreault, Medora et Béatrice Godin étaient bien traitées par leur père.

«C'était le genre à tout donner à ses filles. Pour lui, c'étaient ses princesses. Les filles passaient vraiment en premier. On va dans le Sud, on emmène toute la famille. Les filles ne manquaient de rien», a-t-elle dit.

Béatrice entre la vie et la mort

Par ailleurs, la benjamine des filles de Martin Godin repose toujours à l'hôpital dans un état critique.

Godin est aussi hospitalisé. Il n'a pas encore été officiellement arrêté, car son état de santé est jugé trop grave. Des policiers le surveillent tout de même, a indiqué la Sûreté du Québec.

Selon nos informations, son ex-conjointe aurait été atteinte d'un projectile à l'épaule avant d'être étranglée. Les autres auraient été abattus.

«Plus triste qu'enragé»

Jacques Gravelle loue une résidence annexée à celle de Martin Godin depuis deux ans. Il peinait à s'expliquer l'horreur qui a frappé à quelques mètres de chez lui. «C'était un bon père. [...] Je ne comprends pas... Ses petites filles n'ont même pas eu le temps de goûter à la vie», a-t-il déploré.

Selon lui, Nancy Samson avait décidé de quitter son conjoint pour de bon il y a deux semaines. Elle aurait officiellement quitté le domicile familial mercredi. «Il avait l'air de l'accepter», a-t-il cependant affirmé. Un processus de divorce était enclenché.

Aux dires de son voisin, Martin Godin aurait tenté de trouver des solutions pour sauver son couple. C'est à ce moment qu'il aurait appris qu'il y avait un autre homme - Benoît Daigle - dans la vie de sa conjointe. Même lors de la première semaine de séparation, Godin «était plus triste qu'enragé. Il avait l'air de n'avoir aucune haine», a ajouté M.Gravelle.

Il dit avoir parlé à Godin samedi après-midi, vers 14h30, avant de partir pour une soirée chez des amis. Rien ne laissait croire que de tels gestes pourraient être commis quelques heures plus tard, dit-il.

Le locataire est rentré chez lui vers minuit, pensant que M.Godin était parti travailler ou que toute la maisonnée était couchée. Les lumières étaient éteintes chez Godin et M. Gravelle s'est mis au lit.

«La police nous a appelés vers 3h du matin pour nous dire de sortir de la maison. Ils m'ont dit que Martin était peut-être dangereux. Ils m'ont demandé s'il possédait des armes à feu [...]. Je croyais que c'était une blague. Voyons donc, pas Martin. Il a une carabine à plombs, pas plus», a raconté M.Gravelle.

Ce dernier a été longuement interrogé par la Sûreté du Québec, dans la nuit de samedi à dimanche.

M.Gravelle a par ailleurs souligné que Martin Godin était très croyant. Il n'aurait jamais voulu faire de mal à ses filles, croit-il. «On ne comprend pas. La seule chose qu'on peut voir, c'est qu'il a voulu amener ses deux filles en haut avec lui.»

- Avec la collaboration de David Rémillard, Le Soleil