En raison de leur très grande puissance, les Hells Angels québécois n'ont plus de territoire à conquérir au Québec et migrent vers l'est et les provinces de l'Atlantique, « comme une entreprise qui a besoin d'expansion pour continuer d'accroître ses affaires », a confié une source policière jeudi à La Presse.

Ces visées expansionnistes des motards, dont la police croit qu'elles ne s'arrêteront qu'à l'extrémité est des provinces de l'Atlantique, ont toutefois été molestées, jeudi, lorsque l'Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) a frappé la dernière-née des sections parrainées par les Hells Angels du Québec, et l'un de leur clubs-écoles au Nouveau-Brunswick.

Tôt jeudi matin, une trentaine d'individus, dont Éric Blanchette, aspirant membre des Nomads du Nouveau-Brunswick, son frère jumeau Yannick et quelques membres des Red Devils du Nouveau-Brunswick ont été arrêtés à l'issue d'une enquête baptisée Oursin et de deux autres enquêtes effectuées par des escouades régionales mixtes.

Les suspects, qui ont été amenés au quartier général de la Sûreté du Québec (SQ) dans la Vieille Capitale, font face, en vrac, à des accusations de gangstérisme, de complot, de trafic de cocaïne et de méthamphétamine et de trafic de biens criminellement obtenus.

« UNE PREMIÈRE PHASE »

« Nous avons démantelé une structure, du sommet jusqu'au plus bas échelon, les têtes dirigeantes des réseaux de trafic de stupéfiants, les gestionnaires, les fournisseurs, etc. Nous avons fait table rase. S'il existe encore une compagnie, elle n'a plus d'employés », a décrit l'inspecteur Guy Lapointe, de la Sûreté du Québec.

La police croit, avec cette frappe, avoir démantelé les réseaux de trafic de stupéfiants, présents dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et au Nouveau-Brunswick, qui relevaient des Nomads de cette province, en particulier de l'un de ses membres, Daniel Beaulieu, qui n'a toutefois pas été arrêté et accusé dans la foulée de l'opération de jeudi.

« C'est une première phase. Nous voulions mettre un terme à la structure, mais l'enquête se poursuit », a ajouté l'inspecteur Lapointe.

POURVOYEUR DE COCAÏNE

Quelques individus ont toutefois échappé aux mailles du filet jeudi. Parmi eux, Luc Manuel Thibodeau, 45 ans.

La police le soupçonne d'avoir été l'un des fournisseurs de drogue des trafiquants arrêtés. Thibodeau fait face à des chefs de complot, de possession de cocaïne dans un but de trafic, de trafic de cocaïne, de possession de biens criminellement obtenus et de trafic de biens criminellement obtenus.

Selon des documents de l'enquête Matamore menée par la SQ contre des importateurs de cocaïne en 2009, Thibodeau aurait été associé avec Mario Maratta, un individu appréhendé et accusé dans la foulée de l'enquête Collecteur effectuée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) contre un réseau de blanchiment d'argent lundi. Les documents décrivent Maratta et Thibodeau comme les patrons d'une cellule de distribution de cocaïne qui auraient également eu les capacités d'importer cette drogue sur des voiliers. Mais ni Thibodeau ni Maratta n'a été arrêté dans le projet Matamore.

Selon nos recherches, Luc Manuel Thibodeau est dirigeant d'une entreprise qui fait dans le prêt privé à Shawinigan et courtier immobilier. Il serait directeur d'une pourvoirie située au nord de La Tuque, selon le site internet de cette dernière.

Des discussions ont été tenues entre la police et Thibodeau qui se trouverait actuellement à Saint-Martin.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse

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