Un individu censément lié aux gangs de rue qui a participé à l'incendie criminel qui a endommagé le Complexe funéraire Loreto, façade légitime de la famille Rizzuto de la mafia montréalaise, en avril 2017, ignore si sa vie sera en danger lorsqu'il sortira de prison.

Kens Emmanuel Noël, 25 ans, a été condamné à 23 mois de prison pour ce crime et possession d'arme en juin dernier. Au sixième de sa peine, il a demandé sa libération conditionnelle, qui lui a été refusée par la Commission québécoise des libérations conditionnelles le 8 novembre.

Durant l'audience, Noël a raconté que c'est son cousin qui lui avait demandé de remplir des bidons d'essence en échange d'argent. Il a rempli d'essence 12 bidons de liquide lave-glace pour une paie de 300 $. Noël a dit qu'il savait que c'était pour commettre un incendie criminel. Il a toutefois indiqué qu'il ignorait que le feu allait être allumé dans le salon funéraire de la mafia montréalaise et que s'il l'avait su, il ne l'aurait jamais fait. 

Le contrat a été donné aux gangs de rue par un autre clan de la mafia. L'incendie criminel a été commis le 25 avril 2017, causant des dommages limités au complexe funéraire. Noël a été arrêté quelques semaines plus tard en compagnie d'autres individus à l'issue d'une importante enquête des Crimes majeurs du SPVM. Aux commissaires aux libérations conditionnelles, il a dit ne pas savoir si sa vie serait menacée, une fois libéré.

Une arme munie d'un silencieux

Mais ce n'est pas la raison pour laquelle la Commission n'a pas accordé à Noël sa libération conditionnelle. En 2015 notamment, il a été arrêté avec une arme munie d'un silencieux. Les commissaires ont constaté des différences dans les versions de l'événement qu'il a données à son agent de libération et aux policiers. Kens Emmanuel Noël a dit avoir porté une arme parce qu'il craignait pour sa vie. En juillet 2013, une voiture a ralenti à sa hauteur alors qu'il était dans la rue et l'un des occupants lui a tiré une balle, le touchant à une jambe.

La police relie Noël aux Bo-Gars, un gang de rue d'allégeance rouge de Montréal-Nord, ce qu'il nie.

Noël dit être coiffeur dans un salon de coiffure de Montréal-Nord et affirme qu'il continuera à exercer ce métier, à faire des changements de pneus et d'huile dans un garage et à terminer ses études de niveau secondaire, une fois libéré. 

Son agent de libération ne recommandait pas sa libération. La Commission lui reproche un manque de crédibilité et ses non-respects des conditions, et le soupçonne de minimiser son implication.

«La présence d'arme dans différents délits relatés inquiète les membres de la Commission au plus haut point. À part le temps passé en détention, rien n'indique que vous avez changé vos comportements. Les remords et les regrets sont de notre avis plutôt liés aux inconvénients de la détention. L'empathie face aux victimes est inexistante. Vous dites simplement avoir manqué de jugement, ce qui est insuffisant comme réflexion. Vous avez un choix à faire, ou vous continuez en pleine gloire criminelle ou vous changez», écrivent notamment les commissaires dans leur décision.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.