Le leader du « club social » de pédophiles, André Faivre, a été reconnu coupable sur toute la ligne hier d'une dizaine d'infractions de pornographie juvénile, d'incitation à des contacts sexuels et de crimes sexuels à l'égard de deux enfants. L'homme de 70 ans, piégé par un agent d'infiltration, avait mis sur pied une plateforme de partage de pornographie juvénile pour les pédophiles.

C'est en 2003 qu'André Faivre a fondé WebBLeu, un service de courriel sécurisé spécifiquement destiné aux «BL», soit des hommes se disant «Boy lover». Un des principes-clés de son organisation était de «valoriser la pédophilie» et de «changer les perceptions» au sujet des «BL». Pendant des années, la douzaine de Québécois arrêtés par la Sûreté du Québec (SQ) dans l'opération «Malaise» se sont servis de cette plateforme pour échanger et stocker de la pornographie juvénile.

Le long procès d'André Faivre qui s'est déroulé pendant des mois au palais de justice de Montréal a également porté sur des agressions sexuelles contre deux enfants. À la fin des années 70, André Faivre a abusé une trentaine de fois d'un jeune garçon qui éprouvait de lourds retards de développement. L'accusé a admis pendant le procès avoir eu des contacts sexuels réguliers avec l'enfant. Il a été reconnu coupable d'attentat à la pudeur pour ce crime.

Au début des années 2000, André Faivre travaillait comme éducateur dans un foyer d'accueil. C'est à cette époque qu'il a fait sa deuxième victime, un enfant âgé de 7 ou 8 ans. Il lui a notamment touché le pénis dans la douche. À une autre occasion, il a longuement flatté le garçon avec la plume d'un capteur de rêves. Cette agression est notamment relatée dans un chapitre des «Chroniques d'un loup», un recueil écrit par André Faivre.

André Faivre a aussi servi de mentor auprès de l'agent double de la police. Ce policier se faisait passer pour un pédophile attiré par les enfants de 10 ou 11 ans. Pendant des mois, André Faivre lui a donné des conseils pour s'en prendre au jeune voisin fictif de l'agent d'infiltration. Il lui a suggéré d'avoir «l'air naturel» avec les enfants, d'y aller sous «forme de jeux» et de procéder lentement pour ne pas attirer les soupçons. 

« Il l'a conseillé et épaulé relativement aux diverses approches lui permettant de s'entourer de jeunes garçons », a conclu le juge Yvan Poulin.

Au cours de son infiltration, le policier a été témoin de nombreuses discussions portant sur de jeunes garçons avec André Faivre et d'autres pédophiles, dont Dave Turcotte, un ancien leader scout de Mont-Saint-Hilaire. Notons que ce dernier a été acquitté dans cette affaire. Une fois, Dave Turcotte a lancé l'idée d'adopter un réfugié syrien, alors que le sujet était d'actualité. André Faivre a alors répondu qu'il «s'agissait d'une bonne place pour recruter des jeunes enfants pour la meute ».

Un des projets fétiches d'André Faivre était la tribu «garçons dragon», une sorte de jeu grandeur nature spécifiquement destiné aux jeunes garçons. Pendant leur rencontre, l'accusé en parlait régulièrement avec l'agent d'infiltration. André Faivre a également montré des centaines de photos de jeunes garçons au policier.

La procureure de la Couronne Me Cynthia Gyenizse a indiqué à la cour qu'elle pourrait demander de déclarer André Faivre délinquant dangereux ou à contrôler.  Il revient en cour le 27 novembre.

Photo fournie par la Sûreté du Québec

André Faivre.