Le procès d'un homme accusé d'avoir importé du haschisch en grande quantité lève le voile depuis hier sur une vaste enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui sera pour les jurés un «casse-tête» dont ils devront placer les morceaux un à un, a averti la poursuite dans sa déclaration d'ouverture.

Ce procès est celui d'Alain Charron, 69 ans, accusé d'avoir comploté et participé à trois importations de plusieurs tonnes de résine de cannabis en provenance du Pakistan, à l'automne 2010. La procureure de la Couronne fédérale, Me Carly Norris, a expliqué qu'à deux reprises, la drogue est arrivée dans le port de Montréal dans un conteneur maritime, et la troisième fois par train, en provenance des États-Unis.

L'enquêteur principal de ce projet baptisé Celsius, Francis Martin, de la GRC, a témoigné hier et est revenu sur les débuts de l'enquête.

Celle-ci a commencé lorsqu'un policier de la GRC en poste au Pakistan a avisé ses collègues de Montréal qu'un conteneur suspect était destiné à une adresse dans la métropole. Ce conteneur devait quitter le Pakistan pour Gênes, en Italie, où il devait être chargé sur un autre bateau, à destination de Montréal.

Emballages de café et de shampoing

M. Martin et des collègues se sont rendus au port de Gênes en août 2010. Ils ont ouvert le conteneur, de façon à ne pas briser les scellés sur des portes, et ont découvert sept tonnes de résine de cannabis. Les policiers ont remplacé la drogue par du sel et laissé partir le conteneur, non sans auparavant avoir installé des dispositifs d'alarme, de suivi et d'interception de communication dans deux boîtes et dans l'une des portes du conteneur.

Plus tard, après avoir reçu des informations, les policiers se sont rendus au port d'Anvers, en Belgique, et ont trouvé plus de deux tonnes de haschisch caché cette fois dans des boîtes contenant des emballages de café et de shampoing. Ils ont remplacé la drogue par du placoplâtre, installé les mêmes dispositifs de surveillance et laissé le conteneur poursuivre sa route.

En examinant les papiers des deux entreprises qui ont commandé la marchandise, les limiers ont constaté que les numéros de télécopieur étaient ceux de deux hôtels de Montréal. Sur les caméras de surveillance de ces hôtels, les policiers ont identifié deux individus dont les noms apparaissent dans les chefs d'accusation : Brian Forget et George Morton.

Lorsque le premier conteneur, celui arrivé d'Italie, a quitté le port de Montréal à bord d'un camion semi-remorque, les enquêteurs ont filé le conducteur qui a laissé le conteneur dans un stationnement de l'arrondissement de LaSalle.

Lorsqu'ils se sont approchés du conteneur, ils ont réalisé que des autocollants avaient été apposés sur son numéro d'identification de façon à le modifier et que les scellés sur les portes avaient été enlevés. La plaque d'immatriculation de la remorque avait aussi été changée.

En visionnant les images des caméras de surveillance du stationnement, les policiers ont vu entrer et sortir des véhicules qui, croient-ils, étaient utilisés par Morton et Forget.

Le témoin a aussi raconté que durant l'enquête, il s'est rendu à Huntingdon, où du haschich a aussi été retrouvé dans un wagon de train.

En ce premier jour du procès, le nom de M. Charron n'a pas encore été entendu dans la preuve présentée. Le procès, qui doit durer six semaines, est présidé par le juge Guy Cournoyer de la Cour supérieure et se déroule devant un jury composé de 13 personnes, sept hommes et six femmes. Le siège du juré numéro un est inoccupé.

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PHOTO LA PRESSE

Les policiers de la GRC ont replacé les boîtes telles qu'ils les avaient trouvées au port de Gênes, en Italie, avant de refermer les portes du conteneur et de le laisser poursuivre son chemin vers Montréal.