Patrick Corbeil, trafiquant de stupéfiants arrêté dans une importante opération policière visant un réseau lié aux Hells Angels et devenu témoin repenti pour la Couronne par la suite, a obtenu sa semi-liberté mardi dernier, a appris La Presse.

Corbeil, 45 ans, avait été arrêté dans le cadre du projet Mastiff mené par l'Escouade régionale mixte (ERM) de la Sûreté du Québec (SQ) en novembre 2015.

L'enquête visait trois cellules de trafic de stupéfiants dont l'une opérait dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans l'est de Montréal, et était dirigée par Corbeil.

Après son arrestation, Corbeil, qui a lui-même été piégé par un bras droit devenu agent civil d'infiltration pour la police durant l'enquête, a décidé qu'il en avait assez de cette vie et a choisi de retourner sa veste.

Il a confessé tous ses crimes et a plaidé coupable à des accusations de gangstérisme, trafic de drogues, recel, possession d'arme, vol qualifié et extorsion. En juillet 2016, il a été condamné à six ans de pénitencier et il obtient donc sa semi-liberté après avoir purgé environ la moitié de sa peine.

Un interdit de publication nous empêche de publier une photo de Corbeil et de révéler la preuve entendue jusqu'à maintenant contre ses coaccusés, dont les procédures se poursuivent toujours devant les tribunaux.

Rappelons seulement que ce sont les révélations de Patrick Corbeil qui ont mené au retrait d'un chef de gangstérisme déposé contre l'influent Hells Angel Salvatore Cazzetta aussi arrêté dans Mastiff, mais libéré de toute accusation en décembre dernier. Corbeil avait dit que, contrairement à ce que la police pensait, Cazzetta n'avait rien à voir avec les opérations du réseau de trafic de stupéfiants d'Hochelaga-Maisonneuve et que ce n'est pas pour cette raison qu'il recevait régulièrement une enveloppe d'argent.

DES QUALITÉS D'ENTREPRENEUR...

Corbeil n'a pas beaucoup d'antécédents judiciaires, « mais son dossier indique une importante criminalité cachée depuis l'âge de 18 ans », écrivent les commissaires dans leur décision.

En 2014, il avait notamment été arrêté dans une affaire d'extorsion envers un individu qui lui devait 100 000 $. L'homme avait été frappé au visage et sa famille menacée. Corbeil s'était emparé du véhicule de ce dernier pour récupérer une partie de son argent.

Durant son incarcération, Patrick Corbeil a maintenu un comportement conformiste et a poursuivi ses études. Il veut changer de vie. On ignore son plan de sortie, mais il souhaite visiblement devenir entrepreneur.

« En communauté par le passé, vous avez démontré des qualités d'entrepreneur, mais celles-ci devront faire l'objet d'un suivi serré », soulignent les commissaires.

Corbeil obtient une semi-liberté de type 5-2, c'est-à-dire cinq jours en communauté et deux jours dans des établissements désignés. Jusqu'à la fin de sa sentence, il devra respecter un couvre-feu, ne pourra fréquenter les endroits licenciés et ne pourra rencontrer des individus liés à une organisation criminelle ou ayant un dossier judiciaire, ou communiquer avec eux. Corbeil changera d'identité à sa libération.

***

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.