Trois personnes soupçonnées d'appartenir à un réseau de vente de fentanyl sur le «dark web» ont été accusées lundi après-midi au terme d'un coup de filet mené samedi par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Une trentaine de policiers avait alors procédé au démantèlement d'un laboratoire clandestin d'opioïdes à Châteauguay.

Robert Mitrache, 30 ans, Louis-Vincent Bourcier, 33 ans et Valérie Legault, 30 ans, font face à quatre chefs d'accusation de possession, de trafic et d'exportation de drogue. Ils sont également accusés d'avoir comploté entre eux et avec trois autres personnes entre le 1er avril 2017 et le 16 décembre 2017 pour exporter de la drogue et d'en avoir fait le trafic.

Ils ont comparu lundi après-midi au palais de justice de Montréal. La couronne s'est opposée à leur remise en liberté. L'enquête à cet effet devrait durer une journée, voire deux journée, selon la poursuite, en raison d'une «divulgation de la preuve considérable». Deux autres individus arrêtés samedi ont été libérés sans accusation.

La drogue saisie samedi par la GRC pourrait être du fentanyl - une substance 40 fois plus puissante que l'héroïne - ou du carfentanyl, une drogue elle-même 100 fois plus puissante que le fentanyl, a indiqué la caporale Camille Habel, porte-parole de la GRC à Montréal. Des échantillons de la drogue devront toutefois être analysés en laboratoire pour en vérifier le contenu.

Le trio aurait commis ses crimes, non seulement au Québec et au Canada, mais aussi aux États-Unis, en Australie, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Selon nos informations, les trois supects auraient fabriqué de la drogue, dont du fentanyl, pour la vendre partout dans le monde sur le «dark web».

L'enquête ayant mené à cette opération aurait été amorcée après qu'un agent des services frontaliers eut été incommodé par une substance dans un centre de tri de colis de l'ouest de Montréal plus tôt cette année. Visiblement, il y avait urgence d'agir pour que la GRC, aidée de pompiers du Service de prévention incendie de Châteauguay, mène cette opération un samedi.

Opioïdes: un bilan qui tendrait vers 4000 décès

Par ailleurs, l'Agence canadienne de la santé publique révèle qu'au moins 1460 personnes ont succombé à une surdose d'opioïdes durant les six premiers mois de 2017.

Un bilan qui va continuer de s'alourdir rapidement, alors que de nouvelles données sont fournies par les provinces et les territoires.

L'agence fédérale s'attend à ce que le nombre de victimes en 2017 dépasse largement le total de 2861 décès atteint en 2016.

L'Agence canadienne de la santé publique soutient que la tendance actuelle laisse présager un bilan dépassant les 4000 décès liés à des surdoses d'opioïdes d'ici la fin de 2017.

Toutes les régions du Canada ont été touchées par la crise, mais certaines ont été plus durement frappées que d'autres. Les provinces de l'Ouest et les territoires présentent les taux les plus élevés de décès liés aux opioïdes.

Les données indiquent, par ailleurs, que le fentanyl joue un rôle majeur dans la crise, alors qu'il est impliqué dans 74% des décès liés aux opioïdes, contre 53% l'an dernier.

- Avec La Presse canadienne