Mais à qui donc appartient le téléphone cellulaire utilisé par la fille d'Alain Ruest ? Le mystérieux appareil a été en partie à l'origine de la suspension de la libération conditionnelle du vétéran Hells Angels de la section de Québec en août dernier. Le commissaire Michel Lalonde, un peu abasourdi par les témoignages entendus hier, doit décider s'il redonne sa liberté au motard ou révoque sa libération.

« M. Ruest est vraiment malchanceux avec son cellulaire », a résumé M. Lalonde. Lorsqu'il a obtenu sa libération conditionnelle en février dernier, Alain Ruest devait divulguer ses communications. Mais dans les mois suivants, il a reçu des appels de trois numéros 514, des textos de deux personnes inconnues identifiées par NICO et KPT et échangé des messages textes avec un téléphone dont il a dit qu'il appartient à sa fille.

Ses agents de libération conditionnelle lui ont, à quatre reprises, demandé de fournir ses messages textes, mais M. Ruest les a effacés croyant, a-t-il expliqué, qu'un téléphone intelligent était un peu comme un ordinateur, qu'il devait enlever des informations en raison d'un stockage limité.

Un téléphone communautaire

Mais l'historique du téléphone de sa fille a particulièrement fait sourciller le commissaire.  L'appareil était en effet au nom d'une compagnie de déneigement de la région de Québec et c'est l'un des employés de celle-ci qui l'utilisait. Il a ensuite été remis à Bruno Belzile, autre employé de cette compagnie, membre des Dark Souls -un club-école des Hells Angels- et conjoint, à une certaine époque de la fille d'Alain Ruest à qui il aurait à son tour prêté le téléphone. Mais même lorsqu'elle l'aurait utilisé, c'est la voix d'un certain Ghislain qu'on entendait sur la boîte vocale. Et comme si cela n'était pas assez, l'appareil aurait déjà appartenu dans le passé à un certain Nico, criblé de dettes et pourchassé par des banques, ce qui expliquerait les appels reçus de numéros de téléphones 514 selon la version du motard. Le téléphone serait ensuite disparu des radars lorsque la fille de Ruest l'a redonné à Belzile, après que le couple se soit séparé l'été dernier.

Pendant que le commissaire Lalonde en perdait son latin, l'agente de libération du motard, qui demande la révocation de la libération conditionnelle pour bris de condition et qui était en vidéo-conférence, et le motard ont eu quelques échanges acrimonieux comme on en voit rarement. Leur langage corporel en disait long.

Ce n'est qu'hier matin que la Commission des libérations conditionnelles a reçu une déclaration sous serment de la fille d'Alain Ruest et des relevés de messages textes provenant des autres téléphones de la famille, pour prouver que le téléphone est bien celui de l'enfant du motard. Ce dernier a dit avoir fait d'autres démarches auprès de Telus et de Apple pour avoir le contenu des messages, en vain. « C'est un imbroglio, un malentendu ou une confusion, mais ce n'est pas un bris », a dit son avocate.

Ruest se dit toujours membre des Hells Angels.

Le commissaire Lalonde a pris la décision en délibéré.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse

Quelques citations d'Alain Ruest

Au sujet des Hells Angels: « On dit que c'est une organisation criminelle, mais ce n'est pas illégal d'être un Hells Angels. Ça ne s'est jamais rendu en Cour Suprême. Dans ma tête, c'est un club de moto. Nous sommes devenus criminels par la force des choses. On nous a monté un beau bateau avec le projet SharQc. Ils nous ont accusé de complot et ils nous ont dit : Plaidez coupable. On avait tous une écoeurantite aiguë ».

Au sujet des Dark Souls : « Ce sont les médias qui disent que c'est un club-école des Hells Angels. C'est un petit club de bicycle, sans plus ».

Détails sur Alain Ruest

60 ans

Surnom : L'Indien

A plaidé coupable à un chef de complot après l'opération SharQC

Condamné à cinq ans et trois mois en août 2013

A obtenu sa libération conditionnelle en février 2017 après que la Cour d'appel eut réduit sa sentence