Jean-François Émard, considéré à une époque comme le chef des Rock Machine au Canada, a déposé hier une poursuite de 650 000 $ contre l'État pour les coups qu'il a reçus dans une cellule d'un poste de la Sûreté du Québec, à l'automne 2014, a appris La Presse.

Émard, 40 ans, poursuit solidairement le policier qui l'a frappé, Bruno Landry, la Sûreté du Québec, le ministère québécois de la Sécurité publique et le Procureur général du Québec.

Le 5 octobre 2014, à la suite d'une interception sur la route, Émard a été arrêté pour possession de stupéfiants et amené au poste de la Sûreté du Québec de la MRC de Beauharnois-Salaberry. Alors qu'il était assis sur la couchette d'une cellule, il a lancé quelques insultes au policier Bruno Landry, qui s'est jeté sur lui et lui a asséné plusieurs coups de poing.

Traumatismes importants

Dans sa poursuite de quatre pages, le motard écrit notamment avoir subi plusieurs préjudices physiques, dont «une plaie ouverte de deux pouces et demi à la tête, de forts maux de tête, des douleurs à la mâchoire, des étourdissements, des nausées, des douleurs aux yeux et des pertes de mémoire durant une période d'environ six mois».

«Depuis ce temps, Jean-François Émard souffre de traumatismes importants et d'anxiété, de pertes de jouissance de la vie; en raison de son état psychologique et physique actuel, il ne pourra plus jamais intégrer le marché de l'emploi », peut-on lire dans la poursuite.

Trois jours après l'agression, «l'avocat qui le représentait à la Cour du Québec a constaté une difficulté d'élocution et une confusion générale de la part de son client», ajoute-t-on.

Laissé à lui-même

Dans sa requête, le motard reproche aux collègues de Bruno Landry de ne pas être intervenus pour maîtriser le patrouilleur. Il déplore que personne ne l'ait conduit à l'hôpital le jour de l'agression et qu'on ne l'ait pas examiné adéquatement à l'Établissement de détention de Montréal (prison de Bordeaux), malgré ses demandes répétées.

Bruno Landry a été arrêté et accusé pour cette agression. Il a plaidé coupable à un chef de voies de fait et a bénéficié d'une absolution inconditionnelle il y a un an.

Dans sa requête, Jean-François Émard se questionne sur le fait que la procureure de la poursuite dans son dossier de possession de stupéfiants était aussi celle qui assurait la poursuite contre le policier Bruno Landry, et déplore le fait que son agresseur ait reçu une absolution inconditionnelle.

Ce dernier est actuellement détenu à Bordeaux après avoir été de nouveau arrêté par la Sûreté du Québec en juin dernier. Il est accusé de trafic de stupéfiants, de possession d'une arme dont le numéro de série a été maquillé et de non-respect des conditions.

Le nom des Rock Machine n'est plus sur la liste officielle des groupes de motards criminels de la Sûreté du Québec. «Et Émard est maintenant davantage considéré par nous comme un trafiquant de rue», nous a dit une source policière.

La Sûreté du Québec et l'avocat d'Émard, Me Steven Hanafi, se sont refusés à tout commentaire sur la poursuite.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.