Un repaire des motards criminels à Terrebonne, le resto-bar Le Maverick, s'est récemment fait révoquer ses permis d'alcool par la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). L'établissement était contrôlé depuis un an par deux motards de groupes liés aux Hells Angels. La saisie de centaines de plants de cannabis à l'intérieur a mené à la fermeture du bar en mars.

En deux ans, ce bar situé sur la montée Gagnon, à Terrebonne, a commis de nombreuses infractions aux règles de la Régie. Les policiers avaient saisi 434 bouteilles de bière non marquées en octobre 2016, dont certaines contenaient même des insectes. Puis, le 16 février dernier, 787 plants de cannabis et de l'équipement servant à la production de la drogue ont été saisis par le Service de police de la Ville de Terrebonne. Le gérant du bar, Jocelyn Labrie, et Gino Piedimonte ont été arrêtés. Ce dernier a plaidé coupable et a reçu une peine de deux ans de prison au printemps.

Dans la foulée d'une plainte pour vols d'équipement le 6 mars dernier, le propriétaire du bar, Yanick Dallaire, a déclaré aux policiers qu'il était «le propriétaire sur papier, mais qu'il n'[était] plus impliqué dans l'établissement depuis plus d'un an», indique la décision. Ainsi, deux membres en règle de groupes de motards s'étaient «présentés aux policiers comme les responsables de l'établissement à plusieurs reprises».

Des membres en règle

Le premier était un membre en règle du défunt groupe motard Red Devils East Side à Ottawa, parrainé par les Hells Angels Nomads de l'Ontario, également disparus. Le club supporteur Red Devils et la section ontarienne ont été dissous par les Hells Angels du Québec au printemps, avait révélé La Presse en mai. Le second motard serait un membre en règle du groupe de motards Black Evil, section de Laval. «Les informations policières sont à l'effet que certains membres des Black Evil fréquentent des membres des Hells Angels», indique le rapport d'enquête des policiers. L'identité des deux criminels n'est pas révélée dans la décision, mais ceux-ci avaient de lourds casiers judiciaires.

Le gérant du bar, Jocelyn Labrie, avait d'ailleurs dit aux policiers en juillet 2015 que «les membres de clubs de motards arborant leurs couleurs étaient bienvenus dans l'établissement». Il disait «apprécier leur présence puisqu'elle empêche l'introduction de drogue dans l'établissement et les bagarres et qu'elle impose le respect».

Le resto-bar Le Maverick détenait depuis juillet 2015 une autorisation d'exploitation temporaire de la Régie des alcools. Son propriétaire demandait à la RACJ d'obtenir le transfert des permis d'alcool détenus par le propriétaire de l'ancien bar Le Saloon. «Le comportement de la demanderesse porte sans aucun doute atteinte à la sécurité publique. Cela démontre son incapacité à exercer avec compétence et intégrité les activités pour lesquelles elle demande des permis d'alcool», écrivent les régisseurs dans une décision rendue le 15 juin.

Le numéro de téléphone du bar ne semblait plus en fonction, hier.