Les Hells Angels du Québec poursuivent le ménage amorcé depuis que des dizaines d'entre eux ont été libérés dans la foulée de la fin des procédures de SharQc.

Après avoir dissous leur chapitre des Nomads de l'Ontario, voilà qu'ils viennent de mettre la hache dans leur club supporteur le plus visible et proactif, les Red Devils, a appris La Presse de diverses sources.

Les Red Devils sont un club de motards mondial qui soutient officiellement les Hells Angels. Des sections ont fait leur apparition au Québec et dans l'est de l'Ontario vers 2014. Le club comptait une trentaine de membres et trois chapitres : deux dans la région d'Ottawa et un dans la région de Montréal. Récemment, les sections avaient été ralliées sous un seul nom, le chapitre Eastern, qui aura finalement été éphémère.

On ignore la raison exacte pour laquelle les Hells Angels ont dissous leur club-école. Des sources rappellent toutefois que les sections des Red Devils avaient été mises en place par des motards qui occupaient le terrain pendant que la plupart des membres des Hells Angels les plus influents étaient détenus à Bordeaux après leur arrestation dans l'opération SharQc en avril 2009.

Ce ne sont toutefois pas tous les Hells Angels qui auraient été d'accord avec cette façon de faire. Maintenant que 80 de leurs membres - et non les moindres, pour certains - ont été libérés, le rôle des Red Devils serait devenu moins essentiel.

La Presse n'a pas retrouvé de traces de sections des Red Devils au Canada sur les différents sites de ce groupe de motards ailleurs dans le monde.

UN GROUPE OMNIPRÉSENT

On ignore ce qu'il adviendra de la trentaine de membres qui ont rendu des services à l'organisation. Les Red Devils, parmi lesquels on retrouvait d'anciens prospects des Hells Angels, avaient été formés avec les membres les plus influents des autres clubs supporteurs du groupe de motards.

Ils étaient toujours présents lors des activités impliquant des Hells Angels et s'affichaient dans les établissements licenciés de la région de Montréal, de l'Outaouais et d'ailleurs.

En plus de jouer, selon la police, des rôles de commissionnaires et de gardes du corps pour les Hells Angels, les Red Devils auraient été impliqués dans des activités criminelles.

En juin 2016, trois de leurs membres ou relations ont été arrêtés avec une quarantaine d'autres personnes dans le démantèlement d'un réseau de présumés trafiquants de cocaïne, de stéroïdes et de drogues de synthèse qui opéraient dans la région de Granby et en Montérégie (Projet Muraille).

Un autre de leurs membres a été arrêté et accusé dans le cadre de l'opération Magot-Mastiff qui a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015.

Les Red Devils, qui étaient formés d'une majorité de francophones, étaient présents en grand nombre au party annuel des défunts Nomads de l'Ontario dont ont fait partie les frères Martin et Marc Bernatchez. Ces derniers auraient d'ailleurs contribué à la création des sections des Red Devils en Ontario et au Québec. Jusqu'à tout récemment du moins, les deux frères auraient été dans les mauvaises grâces des Hells Angels. Martin a été victime d'une tentative de meurtre sur un terrain de camping de Granby en août 2016 alors que Marc a été arrêté dans l'opération Muraille. Les Hells Angels ont dissout les Nomads de l'Ontario et fermé leur local de Carlsbad Springs l'été dernier.

Les Red Devils de Montréal avaient tenté d'établir leur local à Delson, en Montérégie, à l'automne 2014 mais ont été chassés par les autorités municipales l'été suivant.

Pendant que les Hells Angels du Québec ferment des clubs, ils augmentent leur influence en Ontario et parrainent une nouvelle section au Nouveau-Brunswick. Ils occupent maintenant la tête de la pyramide du crime organisé au Québec, y compris dans le Grand Montréal, devant même les clans de la mafia qui leur versent des redevances, selon la police.

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