Production de cannabis, revente de cocaïne, vol et recel de camions lourds : au terme d'une enquête de trois ans, la Sûreté du Québec a démantelé hier une organisation criminelle qui contrôlait divers trafics à partir de sa base installée dans une cour à scrap de Saint-Jean-sur-Richelieu.

« Le point central de l'enquête, c'est le commerce Métaux Saint-Jean », a confirmé le lieutenant Éric Stevens, du Service de crimes majeurs de la SQ, au terme de la rafle qui a mobilisé environs 200 policiers et mené à 19 arrestations. Neuf arrestations avaient déjà été réalisées en cours d'enquête.

L'opération baptisée Naos est le fruit d'une enquête amorcée il y a environs trois ans, à la suite de plusieurs vols de véhicules lourds. « On a eu des vols de cargaisons, des vols de tracteurs routiers avec remorques, un peu partout, comme à Napierville, Berthierville, à Drummondville le long de l'autoroute », explique le lieutenant Stevens.

Les enquêteurs ont découvert que les véhicules étaient transportés vers le parc à ferraille montérégien. Les véhicules étaient découpés, parfois en l'espace de quelques heures, et les pièces revendues illégalement. Les remorques étaient aussi découpées pour récupérer le métal.

3 millions de dollars en cocaïne

En cours d'enquête, les policiers ont découvert que le propriétaire du cimetière de voitures, Patrick Daraîche, identifié comme la tête dirigeante du groupe, finançait des plantations de cannabis. La drogue transitait parfois par son commerce avant d'être acheminée aux revendeurs, sous la direction de Steve Daraîche, le frère du dirigeant de l'organisation. De fil en aiguille, la police a découvert un volet de revente de cocaïne et saisi 65 kilos de poudre blanche dans un véhicule stationné sur le terrain de l'entreprise. La valeur de la drogue dans la rue est estimée à 3 millions.

L'enquête n'a pas démontré de lien avec les motards criminels à ce stade et l'organisation démantelée est considérée par la SQ comme un réseau « autonome » du « crime organisé traditionnel québécois » explique le lieutenant Stevens.

Pour camoufler ses traces, l'organisation cachait les restes des plants de cannabis dans des carcasses de véhicules qui étaient ensuite compactés et envoyés à la fonderie, croient les policiers.

Les services de police de Saint-Jean-sur-Richelieu et de la Régie de police Richelieu-Saint-Laurent ont participé aux arrestations et perquisitions d'hier, dans les régions de Montréal, Laval, la Montérégie et Lanaudière.