Cette année, neuf femmes ont été tuées par le conjoint. Chaque année, une femme victime de violence conjugale sur trois, soit environ 19 000 femmes, fait appel à la police, selon les données du regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Et parce que trop de femmes connaissent encore mal les ressources qui pourraient leur venir en aide, ce même organisme a lancé, dimanche, une campagne d'information sur ses services.

«C'est toujours avec beaucoup de peine que nous constatons que des femmes qui ont été tuées par leur conjoint n'avait pas reçu d'aide ou  n'avaient pas fait d'appel à nos ressources spécialisées», a déclaré Sylvie Langlais présidente du regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale lors d'une conférence de presse.

Marie-France a vécu sept ans avec son conjoint un violent. Si elle a mis cinq ans avant d'aller chercher l'aide d'une maison d'hébergement c'est qu'elle ne se considérait pas comme une victime.

«À l'époque, je ne pensais pas que c'était une ressource qui m'était destinée parce que je n'étais pas en danger de mort», a expliqué cette femme dont la voix trahissait la nervosité.

À l'échelle de la province, on compte 109 maisons d'hébergement. Le regroupement qui compte pour sa part 44 centres d'hébergement estime à environ 3000 le nombre de femmes qui ont fait appel à ses services dans la dernière année. Il a également répondu à plus de 40 000 appels et ce nombre ne diminue pas d'année en année, souligne Mme Langlais.

Selon le regroupement, le réseau des centres d'hébergement montréalais sont particulièrement sollicités, et les places peuvent venir à manquer, a reconnu Louise Riendeau coordonnatrice du Regroupement qui insiste pour dire que lorsque cela se produit, les femmes sont alors redirigées vers d'autres ressources.

Malgré l'austérité, le Regroupement indique ne pas avoir subi de coupes de ses budgets. « On arrive à faire avec ce qu'on a, aucune maison du regroupement n'a eu de réduction de budget, mais on reste vigilant», a précisé Mme Langlais.

En marge de la conférence de presse, Sabrina Puiberneau, ancienne employée de la maison d'hébergement d'Anjou, affirme que le réseau des centres indépendants manque d'argent.

«Le centre Anjou a fermé après une coupure de la subvention gouvernementale, il y a eu des problèmes à l'interne, mais je sais que l'argent n'a pas été redistribué ailleurs», explique-t-elle. Ce centre comptait 15 places pour femmes et enfants victimes de violence conjugale. Selon Mme Puiberneau, un nouveau conseil d'administration vient d'être élu et tente de rouvrir le centre.

Mme Puiberneau est d'avis que Montréal ne compte pas assez de centres sur l'île de Montréal et que le manque de campagne de sensibilisation est criant. «Il y avait beaucoup plus de campagnes il y a 10 ans, aujourd'hui on parle moins de sujet, le gouvernement devrait s'y remettre», déplore-t-elle.