Note (mis à jour le 15 septembre 2016 à 11h24): Dans un texte publié dans notre numéro du 23 avril 2015, nous avons fait état de la position de l'École Polytechnique selon laquelle M. Mauricio Siciliano n'était pas un « professeur principal » à cet établissement. Or, selon M. Siciliano, il aurait eu à l'époque le statut de « professeur responsable » depuis plusieurs années.

L'ancien dirigeant montréalais de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) accusé de corruption en Californie et libéré mardi à cause d'un problème de juridiction a donné de fausses informations devant un tribunal américain quant à son statut à l'École Polytechnique.



La Presse a raconté hier comment le Montréalais Mauricio Siciliano a été arrêté en décembre par le FBI, à l'aéroport de Los Angeles. Au terme d'une enquête de trois ans, il a été accusé d'avoir reçu des pots-de-vin en échange de ses efforts pour convaincre des pays d'adopter la technologie d'un oligarque ukrainien en matière de passeports intelligents.

Après avoir été détenu une semaine en décembre, M. Siciliano a été libéré dans l'attente de son procès. Pour avoir le droit de quitter les États-Unis pour de courts séjours à Montréal, il a prétexté qu'il devait donner un cours à Polytechnique.

À cet effet, il a déposé au tribunal une lettre de Louis Haeck, qui se disait «professeur associé» à Polytechnique. Dans sa lettre, M. Haeck prétendait que M. Siciliano était le «professeur principal» d'un cours sur le droit aérospatial et que «le professeur principal doit être disponible pour la période des examens». Il expliquait que M. Siciliano dirige ce cours depuis 2007 et que la faculté avait besoin de son leadership pour élaborer de nouveaux cours.

Or, la lettre déposée en preuve était truffée de faussetés, selon la direction de Polytechnique. «Il y a des affirmations erronées. C'est dans les mains de la direction en ce moment», a confirmé hier la porte-parole de l'institution, Annie Touchette.

Polytechnique dément

Mme Touchette affirme que M. Haeck n'est pas professeur associé et que M. Siciliano n'est pas «professeur principal». Les deux ne sont que des chargés de cours invités occasionnellement pour faire part de leur expertise dans la classe d'un vrai professeur. M. Siciliano n'a été payé pour aucun cours ce trimestre.

«Le cours se donne à l'hiver 2016. Il y a un bassin d'une quinzaine de personnes disponibles pour y enseigner et c'est clair maintenant que ces deux personnes ne vont pas revenir», a martelé Mme Touchette.

«J'ai déjà été professeur associé, en 1994. Je n'ai pas regardé si, en 2015, j'étais professeur associé. Je ne me souviens plus si j'ai signé comme professeur ou chargé de cours», s'est défendu M. Haeck lorsque La Presse l'a joint. M. Siciliano n'a pas répondu à nos messages.

Il est trop tard pour que les démentis de Polytechnique influent sur les procédures judiciaires aux États-Unis.

Toutes les accusations contre M. Siciliano viennent d'être annulées et ses conditions de libération levées par un juge californien, qui s'est scandalisé de voir que la cause lui était soumise alors qu'elle n'avait aucun lien avec les États-Unis.