Un deuxième Montréalais en moins de trois semaines vient de se faire imposer de sévères conditions par la cour parce que les autorités craignent qu'il commette un acte terroriste.

Daniel Minta Darko, 27 ans, a accepté ce matin de se soumettre à une série de conditions restreignant sa liberté, dont celle de porter un bracelet GPS pour que la GRC puisse suivre ses déplacements à la trace.

Avant de signer le document, M Darko a adressé cette question à la juge : « Est-ce que ça veut dire que la GRC va me suivre partout ? »

Le deuxième au Québec

L'homme est devenu le deuxième Québécois à signer un engagement de garder la paix en vertu de l'article 810.01. « La GRC avait des raisons de craindre qu'il commette une infraction de terrorisme », a expliqué la procureure de la couronne fédérale, Me Lyne Décarie.

Elle n'exclut pas que d'autres cas semblables soient prochainement soumis au tribunal. « Tout le monde sait qu'il y a un certain nombre d'enquêtes en cours. [Le 810.01] est une mesure préventive qu'il est approprié d'utiliser. »

Rappelons qu'il y a deux semaines, l'adepte de kick boxing Merouane Ghalmi avait signé le même type d'engagement pour des soupçons semblables. M Darko, qui habite chez ses parents à Dollard-des-Ormeaux, à moins de deux kilomètres de chez Ghalmi, a d'ailleurs l'interdiction de communiquer de quelque manière que ce soit avec le combattant.

Parmi les autres conditions qu'il devra respecter, l'homme, qui ne fait l'objet d'aucune accusation, devra fournir à l'Équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC ses mots de passe pour tous ses ordinateurs ou appareils électroniques. Il ne pourra pas communiquer via les réseaux sociaux avec des personnes en Syrie, en Turquie ou en Malaisie. Il ne pourra avoir en sa possession un téléphone cellulaire, devra remettre son passeport et ne pourra faire une demande pour en obtenir un nouveau, de quelque nationalité qu'il soit. La procureure chargée du dossier n'a pas souhaité fournir de détails sur les actes terroristes que la police soupçonne le Montréalais de vouloir commettre.

On ne sait pas si les autorités craignent de le voir perpétrer un attentat en sol canadien ou aller rejoindre les rangs d'un groupe djihadiste, comme l'ont fait en janvier sept étudiants du Collège de Maisonneuve, cinq garçons et deux filles que la police croit partis en Syrie, siège du groupe armé État islamique et du Front Al-Nosra.

Le nom de Daniel Minta Darko vous est peut-être familier. La semaine dernière, les médias du Canada entier se sont mis en vain à sa recherche.

C'est que parmi les conditions imposées à Merouane Ghalmi, 22 ans, il y avait l'interdiction d'entrer en contact avec un dénommé Daniel Minta Darko.

La Couronne fédérale avait alors catégoriquement refusé de donner toute information au sujet de cet homme : ni son lieu de résidence, ni son âge, ni ses liens avec Ghalmi, un ex-champion de kick-boxing de Pierrefonds. Il n'existe pas de trace de Darko, du moins sous son véritable nom, sur les réseaux sociaux.

Les conditions de Daniel Minta Darko (valides pour un an):

• Porter un appareil GPS en tout temps;

• Remettre son passeport et ne pas appliquer pour en avoir un nouveau;

• Ne pas communiquer avec Merouane Ghalmi;

• Donner à tous les policiers de l'Équipe intégrée de la sécurité nationale accès aux mots de passe de tous ses ordinateurs et appareils électroniques;

• Ne pas communiquer via les réseaux sociaux avec toute personne en Syrie, en Turquie ou en Malaisie, ou toute personne ayant un lien avec un groupe terroriste;

• Ne pas consulter de matériel terroriste qui promeut ou encourage la violence ou tout matériel qui promeut des idées extrémistes ou radicales à des fins politiques, religieuses ou idéologiques;

• Ne pas posséder ni utiliser de téléphone cellulaire;

• Ne pas avoir de contact avec un groupe terroriste;

• Ne pas quitter le Québec;

• Se rapporter à la police sur une base hebdomadaire.