Après avoir passé les treize dernières années et demie derrière les barreaux, Michel Rose, ex-membre des Nomads, défunt chapitre d'élite des Hells Angels, pourra quitter le pénitencier d'Archambault en tant qu'homme libre demain, lui qui a purgé les deux tiers d'une sentence qui prendra fin en 2020.

Par contre, l'ancien motard de 59 ans sera assigné à résidence dans une maison de transition, «jusqu'à ce que les autorités jugent qu'il ait suffisamment évolué» a statué le commissaire des libérations conditionnelles Jacques Bouchard, après avoir écouté Rose durant un peu moins d'une heure cet après-midi.

Michel Rose, qui avait des contacts dans les pays producteurs de cocaïne et dans le Port de Montréal était l'un des principaux fournisseurs de stupéfiants des Nomads.

D'emblée, le motard a été questionné sur ses quelques arrestations en possession d'une arme et sur son rôle dans la guerre des motards qui a fait plus de 160 morts au Québec entre 1994 et 2002.

«Mon rôle à moi, c'était de trafiquer de la drogue. J'ai fait ça une bonne partie de ma vie. Cela a été ma criminalité. Je ne suis pas une personne violente. Lorsque la drogue me passait entre les mains, je ne sais pas si elle était tachée de sang», a dit Rose, avant de se comparer «un peu à un homme d'affaires, mais dans le domaine de la drogue».

Confirmation par fax

Aux Services correctionnels qui lui reprochent d'avoir continué de fréquenter les Hells Angels au pénitencier et même d'avoir fait de la magouille institutionnelle (avoir tenu une cantine parallèle et effectué des prêts usuraires) qui l'a fait «remonter» dans un pénitencier à sécurité maximum durant un an et demi, Rose a assuré avoir quitté officiellement le club de motards peu après sa condamnation en mars 2004.

«Au Centre de réception, ils nous donnent un formulaire. J'ai écrit que je n'étais plus membre. J'ai ensuite envoyé un message à l'extérieur et je crois qu'il y a ensuite un fax qui a été envoyé», a expliqué simplement Rose, qui a ajouté n'avoir aucun tatouage des Hells Angels sur le corps.

À ce sujet, les agents de libération présents ont expliqué que la Sûreté du Québec considère en effet Rose comme un ex-membre des Hells Angels «mais attend de voir s'il continuera de s'impliquer auprès du club de motards après sa libération».

En plus de l'assignation à résidence, la commission impose deux autres conditions spéciales à Rose, soit de ne pas fréquenter des individus ayant un casier judiciaire, et d'avoir un travail.

Le libéré d'office a dit qu'un emploi dans une entreprise de distribution de magazines, offert par un ami, l'attendait à sa sortie.

«Vous qui avez jonglé avec des millions, comment allez vous vous contenter d'un tel emploi ?», lui a demandé le commissaire Bouchard.

«Les détenus font 27$ aux deux semaines ! Ça fait longtemps que je vis modestement. Passer mes soirées à la maison plutôt qu'en prison, aller voir mes enfants jouer au hockey, c'est ça la vraie richesse. Pour moi, c'est fini», a-t-il conclu.

Michel Rose

59 ans

1998 : Prospect des Hells Angels

1999 : Membre en règle des Nomads

Février 2001 : Arrêté à la suite de la découverte d'armes dans un hôtel du centre-ville de Montréal

Mars 2001 : Arrêté de nouveau dans l'opération Printemps 2001

Mars 2004 : Condamné à 22 ans de pénitencier après avoir plaidé coupable à des accusations de complot de meurtres, trafic de stupéfiants et gangstérisme

Autres ex-Nomads libérés d'office sous conditions :

Denis Houle

Gilles Mathieu

Walter Stadnick

Donald Stockford