Trois jours après la spectaculaire évasion en hélicoptère d'Orsainville en juin dernier, les autorités carcérales ont sensiblement resserré les conditions de détention de Raynald Desjardins, craignant que le caïd ne prenne lui aussi la poudre d'escampette par la voie des airs. Quatre mois plus tard, ces mesures restrictives sont toujours en place et sont vigoureusement dénoncées par le prévenu.

C'est ce que l'on peut apprendre dans une requête présentée par Raynald Desjardins et déposée au greffe du palais de justice de Laval, où doit avoir lieu en janvier le procès de l'homme d'affaires et des personnes soupçonnées d'être ses complices pour le meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna, commis le 24 novembre 2011 à Charlemagne.

On apprend dans le document que le 10 juin, Raynald Desjardins a appris des autorités correctionnelles de l'Établissement de détention de Montréal (Bordeaux), où il est prévenu, «qu'il n'aurait plus accès à la grande cour extérieure de la prison pour ses sorties quotidiennes et qu'il devra plutôt les prendre dans une autre cour beaucoup plus petite et comportant des mesures de sécurité beaucoup plus restrictives».

Puis, un mois plus tard, l'un de ses coaccusés, vraisemblablement Jack Simpson, a été transféré dans un autre secteur.

Enfin, le 15 septembre, Raynald Desjardins a fait face «à de nouvelles mesures de sécurité accrues qui se résument à l'accès à une cour extérieure complètement couverte d'une dimension d'au plus 15 pi x 30 pi, avec un accès très restreint à la luminosité, insalubre et possiblement toxique, qui semble désaffectée depuis des années et qui s'apparente à un conteneur ou même à un espace de confinement sécuritaire, qui n'a rien d'une cour extérieure», décrit la requête.

Mesures «cruelles»

Le caïd soutient qu'on lui a expliqué que ces mesures, qui émaneraient du ministère de la Sécurité publique, ont été prises en raison de l'évasion d'Orsainville. Il dit avoir demandé à plusieurs reprises des détails sur les informations à l'origine de ces décisions, mais qu'elles ne lui ont jamais été divulguées.

Il qualifie ces mesures de «draconiennes, disproportionnées, cruelles et incompatibles avec la dignité humaine», et ajoute qu'elles briment ses droits de détenu et de citoyen et constituent une atteinte flagrante à son droit à une défense pleine et entière.

En janvier dernier, La Presse avait révélé que la Sûreté du Québec avait eu vent d'un complot visant à faire évader Raynald Desjardins lors de son transfert en fourgon cellulaire vers le palais de justice de Joliette.

Rappelons que les trois évadés d'Orsainville, Denis Pomerleau, Denis Lefebvre et Yves Denis, ont été repris deux semaines après leur évasion en hélicoptère, le 22 juin.