La Gendarmerie royale du Canada (GRC) intensifiera ses efforts pour repérer avant qu'il ne soit trop tard les jeunes au pays qui pourraient être tentés de rejoindre une organisation extrémiste.

Alors que les États-Unis comptent lancer une nouvelle série de programmes pilotes au cours des prochains mois pour repérer les djihadistes sur leur territoire, la GRC multiplie déjà les efforts de maillage avec les leaders de diverses communautés pour s'assurer que des jeunes qui ont une piètre estime d'eux-mêmes ne cèdent pas à la campagne de séduction que peuvent mener des groupes radicaux auprès d'eux.

Mais la GRC entend annoncer de nouvelles mesures d'ici la fin de l'année afin de s'attaquer à l'un des grands défis auxquels font face les forces de l'ordre dans les pays occidentaux: la radicalisation des jeunes.

Car ces groupes - qu'ils soient des extrémistes religieux, des néonazis, des gangs de rue, des suprématistes ou des membres du crime organisé - ont tous dans leur ligne de mire les jeunes vulnérables.

Au Québec, la GRC compte une équipe de quelque 70 enquêteurs chargés de traquer les terroristes. Trois autres agents s'occupent des relations avec les communautés ethnoculturelles.

«Tous ces groupes ont quelque chose en commun: ils visent la vulnérabilité des gens, les gens qui sont en quête d'estime de soi, qui sont pris dans des conflits familiaux, qui ont des problèmes de drogues ou des problèmes à l'école», explique la surintendante Martine Fontaine de la GRC, responsable du volet de la sécurité nationale pour le Québec.

Ces groupes utilisent abondamment l'internet comme outil de recrutement. «L'internet, c'est très puissant comme outil de recrutement. C'est silencieux, cela se passe dans les maisons privées. Les leaders des groupes peuvent aussi recruter à partir de l'étranger», ajoute la policière.

Dans un récent rapport sur la lutte contre le terrorisme, le gouvernement Harper a estimé à 130 le nombre de Canadiens qui se trouvent en Irak et en Syrie et qui participent aux exactions des djihadistes de l'État islamique (EI).

La CIA, l'agence américaine de renseignements, a pour sa part estimé que l'EI comptait entre 20 000 et 31 500 combattants, dont 2000 Occidentaux et «une dizaine d'Américains».

Sommet sur l'extrémisme

Le procureur général des États-Unis, Eric Holder, a annoncé la semaine dernière la création de divers programmes destinés à dresser un maillage au niveau local pour repérer au plus vite les éléments dangereux. L'objectif du département de la Justice est de travailler «avec les représentants des communautés, les autorités publiques de sécurité, les leaders religieux et les procureurs» dans de nombreuses villes des États-Unis, selon M. Holder.

La Maison-Blanche compte aussi organiser en octobre un sommet sur l'extrémisme et la radicalisation.

La GRC a déjà mis en oeuvre de telles mesures pour prévenir la radicalisation chez les jeunes, souligne Mme Fontaine. La GRC a aussi tenu un sommet de trois jours à Toronto sur l'extrémisme violent. Récemment, des policiers de la GRC ont obtenu une séance de formation dans le cadre du programme d'intervention en radicalisation menant à la violence.

«Ce qui est envisagé aux États-Unis, nous le faisons déjà ici à Montréal», a-t-elle dit.

Comment détecter ces jeunes qui sont prêts à tout abandonner pour épouser une cause radicale? Les signes avants-coureurs sont souvent les mêmes: les plus vulnérables ont tendance à s'isoler, à changer de discours, à changer de cercle d'amis et à cesser leurs activités normales comme le sport, a dit la surintendante.