Gaétan David, membre des Hells Angels de Sherbrooke, et Frédéric Faucher, considéré par la police comme une relation des Hells Angels, sont retournés au pénitencier à sécurité maximum de Donnacona, car les autorités carcérales les soupçonnent d'avoir comploté pour faire battre un codétenu.

L'affaire a éclaté au grand jour, car les deux motards ont présenté des requêtes en Cour supérieure pour retourner dans un établissement à sécurité moyenne et en apprendre davantage sur ce qu'on leur reproche.

C'est à la mi-mars que les gardiens du pénitencier d'Archambault ont eu vent que des membres d'un «groupe menaçant la sécurité» projetaient de faire battre un membre important du comité des détenus de l'endroit parce qu'il était soupçonné d'être un «rat» (informateur). La cible du complot a alors profité d'une protection puis a été ramenée dans la population carcérale deux semaines plus tard. Mais les informations se sont précisées par la suite, si bien que l'homme a été renvoyé en protection au début avril.

Cinq sources différentes ont indiqué aux gardiens que Frédéric Faucher et Gaétan David étaient les instigateurs du complot. Une somme d'argent a été évoquée, sans que le montant soit précisé. Il semble que des détenus aient été approchés pour effectuer le travail jusqu'à ce que l'un d'eux accepte. Les gardiens ont toutefois pu éventer le complot juste à temps. Faucher, David et un autre détenu ont été envoyés au «trou» à la mi-avril avant d'être dirigés vers le Centre régional de réception de Sainte-Anne-des-Plaines et transférés dans un pénitencier à sécurité maximum.

Il semble que les tensions avec le membre du comité des détenus soient apparues à la suite de l'arrivée massive à Archambault de membres et relations des Hells Angels qui ont plaidé coupable dans les superprocès SharQc. «Sa réputation a alors été ternie, et le respect envers lui n'existait plus», a décrit Me Véronique Forest, qui représente le procureur général du Canada.

Sources de mésentente

Selon cette dernière, quatre des cinq sources à l'origine de l'affaire ont la cote de «fiabilité totale» et une, de «fiabilité apparente».

Elle affirme que les Services correctionnels ne peuvent en dire davantage pour ne pas risquer de permettre l'identification des sources, et ainsi de mettre leur sécurité en danger.

De leur côté, Faucher et David nient toute implication dans cette affaire. Leurs avocates, Me Sylvie Bordelais et Me Annik Magri, s'interrogent sur la fiabilité des sources et ont demandé hier à la juge Hélène Di Salvo de leur permettre d'aller plus loin en interrogeant le responsable du renseignement d'Archambault.

«Sinon, comment peut-on vérifier la qualité de l'enquête qui a été faite?», a demandé Me Bordelais, selon qui cette affaire est une tache sur le dossier carcéral de son client, Frédéric Faucher, et risque de lui nuire.

La juge annoncera à la fin d'août si elle ordonne qu'un autre pas soit franchi dans ce bras de fer aux impacts sensibles.

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité: 514 285-7000, poste 4918