Avant sa mort, alors qu'il était détenu et continuait de diriger ses activités criminelles à l'aide d'un appareil BlackBerry, le chef de clan de la mafia Giuseppe De Vito a demandé à l'un de ses hommes sur le point d'être condamné de faire entrer de la drogue en prison, pour son bénéfice personnel.

C'est ce qui a été raconté vendredi dernier, en cour, alors que le condamné en question, Nicola Di Marco, a plaidé coupable à une accusation de trafic de drogue et a reçu une peine de 12 mois d'emprisonnement.

Di Marco, 45 ans, a été arrêté le 12 juin lors de la rafle antimafia Clemenza effectuée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Les actes qui lui sont reprochés remontent à mai 2011, mais la police fédérale a attendu le jour de l'opération avant de porter les accusations, pour ne pas nuire à l'enquête.

Selon le résumé des faits de la procureure de la Couronne, après que Nicola Di Marco eut plaidé coupable à une accusation de possession d'arme, Giuseppe de Vito lui a envoyé, de sa prison, des messages NIP à NIP lui demandant de faire entrer des stupéfiants à l'intérieur des murs pour ses besoins personnels.

Boulettes de cannabis

Le jour de sa sentence, le 5 mai 2011, Di Marco s'est levé très tôt pour avaler 25 boulettes contenant au total 55 g de résine de cannabis, avec l'aide de complices cités dans l'acte d'accusation. Mais Di Marco s'est arrêté à 22 boulettes et a pris le chemin du palais de justice de Montréal.

Sauf que la GRC, qui interceptait depuis déjà belle lurette les messages textes des membres de l'organisation de De Vito, a prévenu les autorités carcérales. Celles-ci ont immédiatement isolé Di Marco dans une salle de réclusion à son arrivée à la prison, puis ont récupéré la drogue dans les heures qui ont suivi.

Fait à noter, Di Marco n'avait pas fini de purger sa peine pour possession d'arme et était en libération conditionnelle lorsqu'il a été arrêté dans l'opération Clemenza. La nouvelle peine de 12 mois imposée par la juge Geneviève Graton, de la Cour du Québec, en vertu d'une suggestion commune de la poursuite et de la défense, est consécutive à la première peine, qui devait prendre fin dans un an. La libération conditionnelle de Di Marco a été suspendue et pourrait être révoquée. Comme c'est le cas habituellement dans ce genre de situation, sa peine fera l'objet d'un nouveau calcul.

Autre fait à noter, Di Marco a demandé de retourner dans le pénitencier « d'où il arrivait », mais la juge a répondu qu'elle n'avait pas ce pouvoir.

Lors de l'enquête Colisée, les policiers ont constaté que Di Marco était le lien entre la mafia et la taupe de la GRC, Angelo Cecere.

Quant à Giuseppe De Vito, chef de clan opposé aux Rizzuto, il est mort empoisonné au cyanure dans sa cellule du pénitencier de Donnacona durant l'été 2013.

Un autre condamné

Par ailleurs, Francesco Depalma, chef d'un réseau de trafic de stupéfiants contrôlé, selon la police, par le chef de clan de la mafia Antonio Mucci, a été condamné à cinq ans de prison par la juge Louise Villemure, de la Cour du Québec, le 12 juin dernier. Le jour de son arrestation, le 26 avril 2012, les policiers de la Division du crime organisé de la police de Montréal avaient découvert une certaine quantité de stupéfiants et plusieurs armes dans un logement appartenant à Depalma.

« L'accusé est bien implanté dans le trafic de cocaïne depuis 14 mois, selon son témoignage. La possession pour fin de trafic des substances saisies ne réfère pas à un événement isolé mais répétitif. Les drogues, l'équipement, l'argent saisis permettent d'identifier un trafiquant de haut niveau et bien structuré. Il est clair pour le tribunal que la possession d'armes et de munitions est en lien direct avec le commerce de drogue illicite de M. Depalma », a déclaré la magistrate en rendant sentence.

En soustrayant la détention préventive, Francesco Depalma doit encore purger un peu plus d'un an et deux mois de prison.