La police croit que la frappe menée hier contre quatre réseaux de producteurs et de distributeurs de «speed» pourrait causer une pénurie de cette drogue dans la région du Saguenay, où les suspects en livraient d'importantes quantités. Les responsables pensent aussi que la rafle aura certainement un impact sur la disponibilité de la méthamphétamine sur le territoire québécois, mais ils sont incapables pour le moment de le mesurer avec précision.

Au cours de cette opération baptisée Macaque et visant des réseaux installés dans la couronne nord de Montréal et au Saguenay, 650 policiers ont saisi plus de 170 000 comprimés. Si ce chiffre est loin du record, les limiers ont tout de même découvert cinq machines à poinçon destinées à fabriquer les comprimés - dont une à 35 poinçons pouvant fabriquer 80 000 pilules à l'heure, du jamais vu au Québec.

«Dans le contexte où nous avons saisi ces machines, il y aura sûrement un impact sur la capacité de production», affirme l'inspecteur Patrick Bélanger, responsable de la lutte contre le crime organisé à la Sûreté du Québec et coordonnateur des escouades régionales mixtes qui ont fait l'enquête.

De nouveaux acteurs

L'enquête mise en branle en janvier 2013 a également permis de constater l'implication au Québec d'un nouveau groupe de motards, les Red Devils, considérés par certains comme un nouveau club-école des Hells Angels - eux qui avaient dissous leurs anciens clubs affiliés au début des années 2000. Certains des membres de ce groupe auraient été vus durant l'enquête en compagnie d'un acteur de l'un des réseaux démantelés hier au Saguenay.

Pour le moment, les Red Devils ont une section à Ottawa, mais les policiers québécois n'excluent pas qu'ils s'installent un jour au Québec. Les Red Devils d'Ottawa ont fait une première apparition publique au Québec le mois dernier lors du Bike and Tattoo Show à Laval, et un photographe de La Presse a immortalisé ce moment.

Libéré et repris

Les Hells Angels contrôlent en bonne partie le trafic de méthamphétamine au Québec, et les trois autres réseaux seraient directement liés à eux et à d'autres groupes du crime organisé traditionnel québécois.

Un autre des chefs présumés est Pierre Chayer, 50 ans, qui avait été arrêté dans la vaste rafle antimotard SharQc en avril 2009, mais relâché avec 30 autres accusés en mai 2011 en raison des délais déraisonnables. En 1992, Chayer a été condamné à quatre ans de pénitencier pour trafic de cocaïne. En 2001, il a été condamné à six ans pour complot en compagnie d'autres individus, dont l'un est toujours accusé dans le projet Diligence. À noter que Chayer est le sixième accusé de SharQc à être libéré puis repris dans une autre affaire.

Les têtes dirigeantes des autres réseaux seraient Daniel Labrie, 41 ans, Éric Bleau, 32 ans, Daniel Bouchard, 40 ans, et Normand Girard, 60 ans.

Le Far West

L'enquête a été amorcée par l'Escouade régionale mixte du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à la suite d'une série d'événements violents commis pour le contrôle du trafic de méthamphétamine dans cette région, notamment à Alma, où un incendie criminel a rasé quatre commerces.

«Notre premier objectif était de rétablir le sentiment de sécurité de la population à la suite de ces événements. Nous faisons également une priorité de la lutte contre ce fléau qui affecte particulièrement les jeunes», dit l'inspecteur Bélanger.

Opération Macaque

> 69 arrestations

> 6 individus recherchés

> 49 perquisitions

Saisies:

> 300 000$

> 20 armes à feu

> 300 livres de marijuana

> 14 véhicules