La Sûreté du Québec (SQ) enquête pour comprendre comment des vandales ont pu entrer sur un site d'Hydro-Québec et y endommager deux transformateurs, causant un important déversement d'huile qui pourrait atteindre 24 000 litres et privant d'électricité 3500 clients pendant plusieurs heures.

Un incident qui s'est produit le 30 avril à Labelle, dans les Hautes-Laurentides, et au sujet duquel Hydro-Québec refuse de donner la moindre information.

Cette nuit-là, vers 3h15, 3500 résidences des municipalités de Labelle et La Minerve, situées au nord-ouest de Mont-Tremblant, ont perdu l'électricité.

Des citoyens qui souhaitaient en savoir plus sur ce qui se passait se sont rendus au poste Joly d'Hydro-Québec, à l'angle de la route 117 et du chemin de La Minerve, à Labelle.

Environ une heure après le début de la panne, qui a duré près de sept heures, des employés d'Hydro-Québec ont alerté la SQ.

«L'employé d'Hydro-Québec sur les lieux s'est rendu compte qu'il y avait eu introduction par effraction sur le site», explique le sergent Gino Paré, porte-parole de la SQ.

Il semble que le cadenas verrouillant la barrière qui donne accès au site était introuvable.

Selon les informations obtenues par La Presse, les vandales auraient réussi à endommager deux transformateurs électriques pouvant contenir chacun jusqu'à 12 000 litres d'huile minérale de manière à ce que ceux-ci se vident.

Cette huile minérale sert à isoler les transformateurs. Elle est considérée comme une matière dangereuse, selon des documents d'Hydro-Québec.

«Les transformateurs se sont vidés et on a perdu le poste, ce qui a causé les pannes», a raconté une source à La Presse.

Cette source s'interroge sur les motivations des vandales, qui devaient forcément bien connaître le fonctionnement des transformateurs pour agir ainsi. Ils ont dû retirer des boulons pour avoir accès au robinet par lequel l'huile s'est écoulée.

«On n'a pas affaire aux petits vandales qui veulent juste briser quelque chose. Ils devaient avoir une certaine connaissance. Vous et moi, on ne pourrait même pas se douter que ces appareils contiennent de l'huile. Eux devaient le savoir, et savoir comment réussir à vandaliser les transformateurs pour qu'ils se vident», indique-t-elle.

Intervention du ministère de l'Environnement

Le ministère du Développement durable et de l'Environnement a été appelé sur les lieux afin que soit élaborée une stratégie de récupération des hydrocarbures déversés dans le sol, à quelques centaines de mètres de la rivière Rouge, qui traverse le village de Labelle, tout juste en aval.

Une porte-parole du Ministère ne nous a jamais rappelé. Le Ministère publie pourtant fréquemment, le jour même des incidents, des communiqués pour rapporter ses interventions lors de déversements parfois bien moins importants. Par exemple, en avril 2013, on avait publié un communiqué faisant état d'un déversement d'huile à transformateur de 250 litres à Saint-Jérôme. Mais rien dans ce cas-ci.

Quant à la direction d'Hydro-Québec, elle est extrêmement frileuse à l'idée de donner des détails sur l'incident, si ce n'est que des clients ont été privés d'électricité pendant quelques heures. Les porte-parole de la société d'État refusent même d'admettre qu'un déversement d'huile a eu lieu.

«On ne peut confirmer quoi que ce soit. Comme je vous l'ai dit, Hydro-Québec collabore avec la Sûreté du Québec», s'est bornée à répéter la porte-parole Sophie Lamoureux, au nom de son employeur.

Même la direction de la municipalité de Labelle n'a jamais été informée avant l'appel de La Presse, hier, qu'un déversement d'hydrocarbure important avait eu lieu sur son territoire, a indiqué la directrice générale de Labelle, Claire Coulombe.