Un magnat de l'or très en vue dans le milieu du hockey professionnel tente actuellement de mettre la main sur la fortune du caïd récemment assassiné Roger Valiquette, dont il dit avoir financé les opérations pendant des années sans savoir qu'elles étaient criminelles.

Allan Rubin, un homme d'affaires de 57 ans résidant à Westmount, a déposé une série de requêtes à cette fin au palais de justice de Montréal, ces derniers jours.

Il y explique que, par l'entremise de sa firme Canadian Asset Based Lending Enterprise, il prêtait autrefois de vastes sommes d'argent à Roger Valiquette au taux d'intérêt annuel de 12%.

Rubin dit qu'il a seulement découvert récemment que Valiquette utilisait cet argent pour le prêter à taux usuraire à d'autres clients dans le cadre d'activités criminelles.

Criblé de balles

Roger Valiquette, l'un des plus importants prêteurs usuraires au Québec, selon les informations de La Presse, est mort criblé de balles le 18 décembre dernier. Il venait de participer à la prise de contrôle du siège social de Carboneutre, la firme de décontamination de la mafia sur laquelle la commission Charbonneau s'est penchée cet automne.

Au moment de sa mort, il possédait cinq sociétés de financement «alternatif» et était en attente de procès pour menaces de mort et voies de fait avec utilisation d'une arme à feu. Selon nos sources, il trempait aussi dans le blanchiment d'argent.

Allan Rubin dit avoir ignoré jusqu'à tout récemment que Valiquette entretenait des liens avec le crime organisé.

Il explique dans sa requête qu'il lui avait prêté en 2008 une somme de 490 000$. Lorsqu'il a tenté de récupérer son dû, il dit que Valiquette est débarqué dans son bureau du Vieux-Montréal et a tout saccagé, en menaçant de tuer Rubin, sa femme, ses enfants et ses employés.

Rubin explique dans sa requête qu'il a eu trop peur pour porter plainte à la police. Après la mort de Valiquette, il a envoyé un intermédiaire tenter de récupérer son argent auprès de la veuve de Valiquette. Il prétend que celle-ci a refusé de rembourser et annoncé son intention de liquider tous ses avoirs et de fuir aux Bahamas ou aux États-Unis.

Rubin a donc demandé de pouvoir saisir tout l'héritage laissé par Valiquette à sa femme. Pour l'instant, il a seulement obtenu un acte de saisie avant jugement sur un immeuble de Fabreville.

Dans la ligne de mire de la police

Joint à son bureau par La Presse hier, Allan Rubin s'est refusé à tout commentaire.

L'homme spécialiste du marché de l'or a lui-même déjà été condamné pour fraude. Il a été arrêté au terme d'une vaste enquête sur des fraudeurs actifs dans l'industrie aurifère, qui auraient floué des acheteurs et soustrait au fisc des dizaines de millions de dollars. Il a plaidé en avril 2012 et écopé d'une peine d'un an à purger dans la collectivité.

Rubin est aussi connu comme un grand collectionneur d'objets liés au sport. Il a prêté une foule d'articles au Temple de la renommée du Canadien de Montréal, qui les a exposés dans le Centre Bell. Parmi ses pièces les plus précieuses se trouvaient des chandails de Jean Béliveau, Maurice Richard et Patrick Roy ainsi qu'un bâton de Guy Lapointe, selon un reportage que lui avait consacré l'Agence QMI.

- Avec la collaboration de Daniel Renaud

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