L'homme de 33 ans atteint de plusieurs balles dans le stationnement d'un centre commercial du secteur Côte-des-Neiges, lundi matin, est considéré par la police comme un membre influent du crime organisé libanais. Ziad Ziade a fait la manchette en août 2012 lorsque sa conjointe Lida Phon, 32 ans, a été tuée dans sa voiture, dans le garage de la maison du couple, située dans le quartier Chomedey, à Laval.

Ziade, qui n'est pas citoyen canadien, avait réussi en 2009 à faire annuler son expulsion du Canada pour motif humanitaire, ce qui ne l'aurait pas empêché de poursuivre ses activités.

La police craint maintenant une escalade de la violence à la suite de cet attentat raté.

Ziade était dans sa voiture, dans un stationnement situé à l'angle des avenues Van Horne et Wilderton, vers 11 h, lorsqu'un individu s'est approché et lui a tiré plusieurs balles au visage et dans le dos. Il a tout de même eu la force de se rendre dans le centre commercial pour demander de l'aide. Il a été transporté dans un hôpital, où il était encore hier dans un état critique, mais stable.

Ziade était seul au moment du crime et se serait senti en sécurité, ce qui peut laisser croire à un traquenard. Le tireur aurait abandonné sur place une arme de poing munie d'un silencieux, laissant ainsi la signature du crime organisé. Cela expliquerait aussi pourquoi personne sur les lieux n'a entendu les coups de feu.

D'après nos informations, Ziade a été avisé à plus d'une reprise par les policiers que sa vie était en danger. La police n'exclut pas que ce soit lui qui était visé lorsque sa femme a été tuée - et qu'il y ait ainsi eu erreur sur la personne.

Opération Painter

Selon nos sources, Ziade serait un acteur très important de la fraude à Laval et à Montréal. Les enquêteurs de la police de Montréal auraient visé l'un de ses réseaux en avril 2013 lorsqu'ils ont démantelé une organisation de fraudeurs dans le cadre d'une opération baptisée Painter. L'opération tirait son nom d'un parc du secteur Saint-Laurent, où le groupe semait la terreur. La fraude s'élèverait à 40 millions. Dans les semaines qui ont suivi la rafle, deux individus, Ali Rad Samimi, 23 ans, et Hiros Glonessian, 32 ans, ont été tués à Montréal, et la police n'exclut pas que ces meurtres soient liés à l'opération. Ils devront maintenant vérifier si l'attentat contre Ziade peut être relié à ces événements.

Selon nos sources, Ziad Ziade aurait également des liens avec la mafia italienne et les gangs de rue. Il était très proche de l'ancien chef des Rouges, Chénier Dupuy, assassiné à l'été 2012, et avait assisté aux funérailles de ce dernier.

Lourd casier judiciaire

Ziade a été condamné à 23 mois de prison en 2000 pour trafic et production de marijuana.

Né en 1980 en Côte d'Ivoire de parents libanais, il est arrivé au Canada avec sa famille en 1992. Ziade a eu un enfant en 2001 avec sa défunte conjointe. Dès le début des années 2000, en raison de ses activités criminelles, son expulsion du pays a été décrétée par les autorités. Mais il a obtenu un sursis de cette mesure pour motifs humanitaires en 2002, devant la Section d'appel de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Sursis assorti de conditions, notamment celle de ne pas commettre de crime ou de fréquenter de gens au profil criminel.

Conditions qu'il n'aurait pas respectées, puisqu'il se trouvait en compagnie d'un ami d'enfance, Ricardel Saint-Louis, alors qu'il commettait une fraude dans un guichet automatique. Il avait aussi été arrêté à Ottawa dans une affaire d'utilisation frauduleuse d'une carte de crédit.

Son sursis a donc été révoqué par la Section d'appel en 2006, ce qui aurait dû lui valoir une expulsion. Mais la Cour fédérale a finalement annulé cette décision. Et, en 2009, la mesure de renvoi a été rejetée de façon permanente par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.