Comme la justice, le fisc a le bras long. Presque 10 ans après avoir fait l'objet d'une importante enquête de la Division du crime organisé de la police de Montréal pour trafic de marijuana, Anthony Di Maulo, neveu du défunt chef de clan de la mafia Joe Di Maulo, est toujours la cible de l'Agence du revenu du Québec qui lui réclame au moins 320 000$ pour ne pas avoir déclaré des revenus tirés d'un trafic massif de marijuana commis au milieu des années 2000.

Di Maulo, 48 ans, a été arrêté en 2006 avec plusieurs autres individus au cours d'une enquête baptisée Paravent visant un réseau de trafiquants de marijuana qui auraient exporté au moins 200 livres de marijuana par semaine vers l'Ontario et vers les États-Unis, par la réserve amérindienne d'Akwesasne. Il était considéré comme le chef de ce réseau dont le chiffre d'affaires annuel a été établi par les policiers à 18 millions de dollars.

L'Agence s'appuie sur un document préparé par des enquêteurs du SPVM qui affirment que Di Maulo touchait de 50 à 100$ par livre de marijuana vendue, pour des revenus supplémentaires annuels non déclarés d'environ 520 000$.

Entre octobre 2004 et mars 2006, Di Maulo a fait l'objet de nombreuses filatures et a été observé plusieurs fois allant et venant avec une valise noire dans des commerces liés à son organisation, dont le bar Woods, devenu ensuite le café Sino, et une salle de réception du boulevard Robert.

Grâce à une caméra installée dans une cache de drogue à Terrebonne, les enquêteurs ont pu établir la quantité exacte de marijuana déposée à cet endroit et ensachée sur une période de 15 jours.

Manque à gagner

L'Agence a comparé les revenus déclarés d'Anthony Di Maulo et de sa conjointe provenant notamment de leur participation dans le café Sino et la salle de réception, et de certaines transactions immobilières. Elle conclut qu'ils sont insuffisants pour soutenir le train de vie du couple et évalue à un total de 120 000$ le manque à gagner entre les revenus déclarés et les dépenses entre 2004 et 2006.

Le dossier est maintenant devant la Cour du Québec, chambre civile. Dans une requête en appel de cotisation, l'avocat d'Anthony Di Maulo affirme que la démarche de l'Agence du revenu repose sur une enquête policière dans laquelle plusieurs actes reprochés à son client n'ont pas été prouvés. «Les éléments amenés sont basés sur des extrapolations et du ouï-dire des policiers, le tout émanant d'un rapport qui n'a pas été apporté en preuve par le défendeur», écrit Me Anthony Francischiello.

L'avocat fait notamment valoir dans sa requête que son client a gagné un total de 40 000$ à la loterie, chèques de Loto-Québec à l'appui, et que sa conjointe a fait près de 50 000$ en vendant des actions qu'elle détenait dans le café Sino.