Dans une ultime tentative pour éviter une extradition vers le Canada, l'ancien directeur général du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), le Dr Arthur Porter, a déposé une requête auprès de l'Organisation des Nations unies (ONU) pour violation des droits de l'homme.

Le Dr Arthur Porter est incarcéré depuis le 27 mai dernier dans une prison du Panama. Il y a été arrêté avec sa femme, Pamela Mattock, alors qu'il était en transit depuis les Bahamas, où il vit maintenant. L'Unité permanente anticorruption (UPAC) avait lancé un mandat d'arrêt contre lui en février.

Depuis son arrestation, le Dr Porter est en attente d'une extradition vers le Canada. Sa femme a été extradée cet été.

L'ancien patron du CUSM est accusé de fraude et d'abus de confiance pour avoir accepté un pot-de-vin de plusieurs millions de la part de SNC-Lavalin. Il aurait favorisé l'entreprise dans l'attribution du lucratif contrat de construction du nouveau CUSM, sur le campus Glen.

Depuis sa prison de La Joya, au Panama, le Dr Porter s'est adressé au Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, dans une ultime tentative.



Phase terminale


Dans la requête, que La Presse a obtenue, l'avocat du Dr Porter insiste sur le fait que son client est atteint d'un cancer du poumon en phase terminale. La maladie a été diagnostiquée en janvier 2013, dans sa clinique de Nassau, aux Bahamas.

Depuis son arrestation, la requête précise que le Dr Porter n'a pas vu de médecin ni passé d'examens pour suivre l'évolution de sa tumeur.

Il continue tout de même de suivre des traitements de chimiothérapie, explique son médecin traitant, le Dr Karol Sikora, de l'hôpital Hammersmith, à Londres, également copropriétaire d'un centre d'oncologie aux Bahamas avec Arthur Porter.

«Il répond bien au traitement, mais pour combien de temps? On sait qu'après six mois de traitement, le patient développe une résistance au médicament», explique le Dr Sikora, qui a vu Arthur Porter il y a six semaines.

La forme de cancer dont il est question est rare, ajoute le Dr Sikora, qui l'a tout de même trouvé en «bonne forme». Il ajoute qu'il ne s'explique pas pourquoi il est en prison au lieu de se trouver dans un centre d'oncologie.

Dans la requête, l'avocat d'Arthur Porter allègue que son patient est «victime d'actes injustifiés commis par les autorités gouvernementales» du Panama. Les autorités auraient notamment dépassé le délai de détention maximal pour une arrestation préventive.

Dans une lettre jointe au document, le Dr Porter rappelle pour sa part qu'il est «détenu de façon préventive» à la demande du Canada et qu'il n'a commis aucun crime au Panama.

Il nie «catégoriquement» avoir subi quelque influence que ce soit dans l'attribution du contrat du CUSM.

Le Dr Porter a été nommé directeur général du CUSM en 2004. Il a aussi été président du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. En 2011, il a quitté précipitamment son poste et s'est exilé aux Bahamas, où il a notamment été à la tête d'une clinique d'oncologie. C'est à la suite d'une longue enquête de l'escouade Marteau qu'il a été arrêté.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche