L'Escouade de protection de l'intégrité municipale (EPIM), la nouvelle unité anticorruption de la police de Montréal, a réalisé un premier coup de filet ce matin en arrêtant quatre personnes pour intimidation d'élus à Beaconsfield, a appris La Presse. Parmi les arrêtés figure un policier de la Sûreté du Québec.

Plusieurs sources ont confié à La Presse que certains des suspects faisaient régner la peur depuis longtemps dans la petite banlieue défusionnée de 20 000 habitants, dans l'Ouest-de-l'Île.

Selon nos informations, le policier Peter de Castris et trois personnes de son entourage ont été épinglés à la suite d'un conflit avec des élus et des fonctionnaires de Beaconsfield sur la construction de la maison du policier.

Depuis 2011, le patrouilleur de la SQ avait du mal à obtenir les autorisations nécessaires pour construire sa luxueuse demeure, dans un quartier ultra règlementé quant aux styles et aux matériaux permis dans la construction.

L'an dernier, le fonctionnaire de Beaconsfield responsable des permis a été tabassé alors qu'il jouait au golf. Deux individus l'ont approché sur le green et l'ont sévèrement battu à coups de bâtons de baseball. Peu après, la victime aurait reçu des menaces qu'il croyait reliées à son travail.

Le conseiller municipal qui présidait le comité d'urbanisme chargé d'étudier les projets de constructions résidentielles a ensuite démissionné de son poste. La police a mis peu de temps à tisser des liens avec la fameuse maison.

La police de Montréal a été extrêmement avare de détails ce matin, refusant même de confirmer l'implication de l'EPIM. « C'est le SPVM qui mène ce dossier, mais comme l'enquête est toujours en cours on ne donnera pas de détails. Quelle unité ? Je vais garder ça pour nous pour le moment », a laissé tomber le commandant Ian Lafrenière.

Les quatre suspects ont été libérés sur promesse de comparaître en cour à une date ultérieure.

Peter de Castris, qui a été suspendu avec solde pour l'instant, traînait pourtant une très bonne réputation au sein de la Sûreté du Québec, selon nos sources. Affecté à la division autoroutière de la région de Montréal, il était toujours très actif sur la route, volontaire et disponible dès que ses collègues avaient besoin de lui. Il avait aussi déjà agi comme conférencier sur la cruauté envers les animaux.

Un ex-associé d'Applebaum

Le maire de l'époque, Michael Applebaum, avait causé la surprise en créant l'ÉPIM en février dernier, prenant de court l'Unité permanente anticorruption (UPAC) qui avait jusque-là la mainmise sur la lutte à la corruption au Québec. Ironiquement, un ancien associé de M. Applebaum s'est vu passer les menottes ce matin dans la première opération de l'escouade qu'il a créée.

Entre 1996 et 1999, M. Applebaum et son cousin Stewart Cartman possédaient avec Peter de Castris et son frère un centre de karting intérieur.

« Les deux frères de Castris travaillaient dans le magasin de soulier de mon père quand ils étaient jeunes. Ils aimaient énormément les voitures. C'était la folie du go-kart à l'époque, et moi et mon cousin voulions ouvrir un centre de go-kart alors ils étaient venus avec nous. Ça n'a pas marché longtemps, car on a choisi des go-karts de Nascar et les autres compagnies avaient toutes achetées de go-karts de Formule 1. Je n'ai pas vu ces personnes-là depuis la fermeture de la compagnie », a expliqué M. Applebaum dans un entretien avec La Presse.

L'ex-maire, arrêté par l'UPAC en juin, est toujours en attente de procès pour complot, fraude corruption et abus de confiance en lien avec deux projets de construction.