Jugeant que Tony Conte doit encore «rehausser sa crédibilité et poursuivre son cheminement», les commissaires aux libérations conditionnelles ont refusé lundi de libérer le comédien qui purge depuis février 2012 une peine de trois ans et demi de pénitencier pour avoir comploté l'achat d'une importante quantité de cocaïne.

Pour la première fois depuis son procès dans lequel il avait nié toute implication et livré un témoignage que la juge avait balayé du revers de la main, Conte a admis lundi avoir agi comme intermédiaire entre des représentants d'un cartel mexicain et des individus liés à la mafia dans la transaction qui a eu lieu dans un hôtel de Montréal en octobre 2008 et durant laquelle il a été arrêté. Il a également avoué que si l'affaire n'avait pas été sabordée par un agent double, il aurait accepté l'argent des trafiquants qui prévoyaient transiger une quantité de 100 kilos de cocaïne.

En revanche, le comédien a nié avoir joué le premier rôle dans cette affaire et dit qu'il a appris qu'il s'agissait d'une transaction de drogue seulement au moment de la rencontre à l'hôtel. Il a raconté s'être retrouvé dans cette situation pour aider l'un des suspects qui avait besoin de 25 000$, qu'il a alors mis un doigt dans un engrenage et qu'il ne pouvait plus reculer, «en raison de son désir de plaire à tout le monde».

Un peu nerveux au début, Conte était de plus en plus à l'aise au fur et à mesure que progressait l'audience qui, à certains moments, ressemblait davantage à une thérapie. À quelques reprises, le comédien a pleuré ou cessé de parler, la gorge nouée par l'émotion. Il a rappelé plus d'une fois son enfance pauvre dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve et les valeurs inculquées par sa défunte mère «qu'il a oubliées et retrouvées».

«Vous dites que vous êtes un séducteur. Aujourd'hui, jouez-vous votre rôle de séducteur ?», lui a demandé le commissaire Jean-Claude Boyer.

«Non, ce n'est pas séduisant ce que j'ai fait», a répondu, du tac au tac, Conte, qui a ajouté plus tard avoir eu honte.

«On ne parle pas d'un deal de pot au coin de la rue. On parle d'une transaction internationale d'envergure», a rappelé le commissaire Pierre Cadieux visiblement titillé par la crédibilité de la version des faits de Conte tout au long de l'audience.

Pour cette raison, les commissaires ont refusé de lui accorder la semi-liberté en maison de transition qu'il réclamait. En revanche, en raison des progrès réalisés et des remords affichés, ils lui ont permis de faire une nouvelle demande pour une audience dans six mois, plutôt que dans le délai normal d'un an.

Un studio de cinéma a promis d'embaucher Conte une fois qu'il sera libéré. Ce dernier veut également reprendre son métier de comédien et est producteur associé pour une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Un simple soldat.

Conte, qui suit des cours de Bible au pénitencier, a également l'intention de donner des conférences dans les écoles.

Le comédien a interprété le rôle d'une étoile montante de la mafia dans la télésérie Omerta en 1996. Après son arrestation, il a fait faillite et a souffert d'une profonde dépression.