La GRC a arrêté récemment au Québec un marchand de diamants israélien recherché en lien avec des allégations de fraude internationale de plusieurs millions, selon ce qu'a appris La Presse.

C'est à la demande des autorités judiciaires de la Belgique que les policiers canadiens ont mis la main au collet de Francis Weitz, 59 ans, le mois dernier. Tous les corps de police membres d'Interpol avaient été avertis qu'il était recherché depuis plusieurs mois.

Selon la preuve déposée en cour, la police de Saint-Jérôme a d'abord été informée le 2 mai dernier que Weitz se trouvait sur son territoire. En procédant à son arrestation, les policiers ont saisi pour plus de 70 000$ en bijoux, et du poivre de Cayenne.

Depuis, les tribunaux canadiens tentent de démêler l'histoire de cet ancien président de la Fédération sioniste de Belgique, qui possède la double citoyenneté belge et israélienne, et qui dit habiter maintenant en permanence en Israël, où il est un militant très engagé dans les campagnes internationales de soutien à la cause de l'État hébreu.

Avant de s'établir au Moyen-Orient, Francis Weitz dirigeait ses affaires à partir d'Anvers, en Belgique, un haut lieu de l'industrie diamantaire européenne.

Fraude à grande échelle

Selon un document rédigé par le juge d'instruction belge chargé de son dossier, et obtenu par La Presse, Weitz aurait fraudé à grande échelle plusieurs joueurs de l'industrie, en ne payant pas ses achats de diamants ou par l'émission de chèques sans provision. La fraude atteindrait des millions dollars, poursuit le magistrat.

«L'intéressé fait preuve d'un manque systématique de respect pour la propriété d'autrui, ce qui comporte un danger pour l'ordre public et la sécurité. Vu le caractère organisé, répété et particulièrement lucratif des faits, il y a un danger de récidive», explique-t-il.

Francis Weitz n'a pas répondu directement à ces accusations. Mais selon un résumé de son témoignage à la Commission de l'immigration, il a avoué avoir fait faillite en Belgique et avoir tenté de s'en sortir d'une façon qui n'était «peut-être pas tout à fait correcte».

Il dit s'être endetté auprès de personnes louches qui lui ont fait des menaces, si bien qu'il craint pour sa vie dans son ancien pays.

Il a aussi dit se trouver au Québec par affaires et y être venu plusieurs fois pour son travail depuis 2006. Il fournissait en diamants le bijoutier canadien Miran Armutlu, connu pour confectionner des bagues de championnat à l'intention des équipes de hockey, basket et football. C'est d'ailleurs Armutlu qui a payé la caution de Weitz après son arrestation à Saint-Jérôme.

Détenu à Rivière-des-Prairies

Conséquemment, Francis Weitz aurait pu être expulsé par l'Agence des services frontaliers parce qu'il avait dépassé sa durée de séjour autorisée au Canada, mais il a plutôt été arrêté de nouveau par la GRC afin que la Cour supérieure puisse statuer sur la demande d'extradition dont il est l'objet.

Il est présentement détenu à la prison de Rivière-des-Prairies. Son avocat, Me Stéphane Handfield, s'interroge sur la façon de procéder des autorités. «Ils avaient son passeport, ils auraient pu le renvoyer rapidement en Belgique parce qu'il avait dépassé sa durée de séjour, sans passer par l'extradition. Je ne comprends pas ce que fait la GRC, si ce n'est une opération statistique!» a-t-il laissé tomber lorsque joint par La Presse.