La police italienne s'intéresse à un avocat québécois dans son enquête sur le meurtre d'un ancien lieutenant de Vito Rizzuto et protégé du caïd Raynald Desjardins, commis en Sicile, le mois dernier.

Juan Ramon Fernandez, alias Joe Bravo, a été assassiné dans un traquenard, en compagnie d'un autre Canadien lié à la mafia, le 9 avril, dans la région de Bagheria.

Les carabiniers italiens ont demandé l'aide de la Gendarmerie du Canada pour leur enquête, a révélé ce matin le National Post. Ils s'intéressent notamment à un avocat québécois entendu dans plusieurs conversations interceptées durant l'enquête de la police italienne. Cet avocat aurait discuté au téléphone autant avec Fernandez qu'avec les deux individus soupçonnés de l'avoir tué, ce qui fait croire aux enquêteurs qu'il aurait pu agir comme intermédiaire dans toute cette affaire.

«C'est vrai que nous travaillons avec la GRC, mais pas seulement à propos de cet avocat, également pour le reste de l'enquête, car nous avons capté plusieurs conversations au sujet de mafiosi canadiens», a confirmé à La Presse le lieutenant-colonel Fabio Bottino de l'Unité spéciale R.O.S. à Palerme, spécialisée dans la lutte contre le crime organisé.

«Nous travaillons avec la GRC relativement au meurtre de Joe Bravo et tentons de savoir qui en a donné l'ordre à partir du Canada», a poursuivi l'officier.

Juan Ramon Fernandez, 56 ans, était très proche du parrain Vito Rizzuto au début des années 2000, tellement que le parrain l'aurait envoyé à Toronto pour s'occuper de ses affaires. Mais dans une conversation captée durant l'enquête de la police italienne qui a mené au démantèlement d'un réseau de trafiquants de drogue en Sicile en avril, Fernandez dit à un interlocuteur que son parrain était Raynald Desjardins.

Ce dernier était en guerre avec les Siciliens à Montréal, du moins jusqu'à tout récemment. Selon nos sources, des négociations de paix entre les deux clans ont été entamées il y a environ trois semaines.

Au cours de la même enquête, les policiers italiens ont capté plusieurs conversations dans lesquelles des mafiosi italiens et canadiens discutent des nombreux meurtres et tentatives de meurtre survenus à Montréal ces derniers mois.

Selon la théorie principale de la police italienne, Juan Ramon Fernandez prenait de plus en plus de place dans la région de Bagheria ce qui n'aurait pas fait l'affaire de deux frères Pietro et Salvatore Scaduto, qui auraient eu les mêmes visées. Ces deux frères ont été arrêtés et accusés des meurtres de Fernandez et de Fernando Pimentel, un résident de Mississauga, en Ontario. Selon la police, les deux frères auraient été supportés par des mafiosi influents de Montréal, desquels ils auraient obtenu la permission d'éliminer Fernandez.