L'un des dix criminels les plus recherchés au Québec, le Hells Angels du chapitre South Frédéric Landry-Hétu, recherché depuis l'opération SharQc, a été arrêté cette nuit dans un chalet de Saint-Michel-des-Saints dans Lanaudière, a appris La Presse.

Frédéric Landry-Hétu, 44 ans, était recherché depuis l'opération SharQc menée en avril 2009. Il a été arrêté vers minuit par les membres du Groupe tactique d'intervention de la Sûreté du Québec et n'a offert aucune résistance. Une femme qui se trouvait avec lui a été interpellée, mais elle ne sera pas accusée.

Landry-Hétu, qui fait face à 29 accusations de meurtre, trafic de stupéfiants, complot pour trafic de stupéfiants et gangstérisme dans le cadre des mégas-procès SharQc, a comparu cet après-midi par vidéoconférence devant la juge Nathalie Fafard. Il a plaidé non coupable. Il reviendra en cour la semaine prochaine au Centre de services judiciaires Gouin, l'établissement conçu pour les mégaprocès de motards.

Lors de la très brève comparution, l'accusé n'a pas prononcé un seul mot. Il était habillé de façon décontractée.

Landry-Hétu est représenté par Me Véronique Courtecuisse, une criminaliste montréalaise. L'avocate a affirmé avoir parlé à son client ce matin via téléphone. Selon les informations qu'elle détenait, le motard n'aurait pas été blessé lors de l'intervention du groupe tactique. L'opération se serait «bien passée», selon la version de Me Courtecuisse. «Il n'a pas été traumatisé», avait-elle ajouté, sourire en coin.

La conversation aurait toutefois été trop brève pour lui permettre de connaître l'identité de la femme qui se trouvait avec l'accusé lors de son arrestation. Elle n'aurait pas non plus obtenu d'informations sur les circonstances de sa cavale.

Sur les divers avis de recherche émis ces dernières années par les corps de police, ceux-ci considéraient Landry-Hétu comme violent. Il se trouvait sur la liste des dix criminels les plus recherchés au Québec et faisait l'objet d'un mandat pancanadien.

Frédéric Landry-Hétu est un acteur important chez les Hells Angels. Il est un membre influent de l'organisation et du chapitre South. Il aurait été le responsable de la collecte de renseignements sur les ennemis des Hells Angels, soit les Rock Machine et leurs alliés, durant la guerre des motards qui a fait plus de 150 morts durant les années 90 et 2000. On ne peut toutefois dévoiler davantage de détails à ce sujet en raison des ordonnances de non-publication en vigueur dans les procès de l'opération SharQc.

Me Véronique Courtecuisse a affirmé que son client pourrait être intégré à l'un des groupes d'accusés dont le procès n'a pas encore commencé, mais elle a refusé de spéculer davantage. L'avocate représentait un autre individu lié aux Hells Angels arrêté dans le cadre de SharQc, qui a plaidé coupable en août dernier. Éric Giguère, lié au club de Sherbrooke, a admis avoir participé à un complot pour meurtre et a été condamné à 11 ans de prison. Il lui en reste un peu moins de deux à purger.

Selon nos informations, Landry-Hétu, un ancien membre du défunt club-école des Evil Ones, aurait contrôlé un secteur de vente de drogue dans la région de Cornwall, en Ontario. À la fin des années 1990, il a été arrêté lors d'une opération baptisée Snow White menée par les policiers de l'Ontario et du Québec contre un réseau de trafiquants. Au Québec, Landry-Hétu n'aurait pas d'antécédent judiciaire mis à part des infractions au code de la sécurité routière.

Selon nos sources, Landry-Hétu a déjà possédé au moins une entreprise d'informatique et est un spécialiste. C'est lui qui aurait mis au point les systèmes informatiques dans les bunkers des Hells Angels. «Les Hells Angels du Québec sont entrés dans l'ère numérique avec lui», nous a-t-on dit.

Toujour selon nos informations, Landry-Hétu serait principalement resté au Québec depuis qu'il était recherché dans le cadre de l'opération SharQc. Les policiers étaient sur sa piste depuis les derniers jours.

Une douzaine de membres en règle des Hells Angels et leurs sympathisants sont toujours recherchés dans le cadre de l'opération SharQc.

Photo: La Presse

Photo récente de Frédéric Landry-Hétu.