Des hommes du mafieux Giuseppe De Vito se profileraient derrière la vague d'incendies criminels qui ont ciblé les entreprises des frères Arcuri cet automne. Cela tend à confirmer, d'une part, l'importance de la place qu'occupe maintenant le jeune chef de clan sur l'échiquier de la mafia et, d'autre part, le fait que ce sont plusieurs clans qui se déchirent actuellement à Montréal.

Les enquêteurs de la division du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal ont effectué hier une autre opération contre un réseau de trafic de stupéfiants de la mafia. Mais au-delà du bilan de celle-ci, c'est la façon dont les policiers ont été mis sur la piste du réseau qui en dit long. En enquêtant sur les incendies qui ont frappé les entreprises des frères Domenico et Antonino Arcuri plus tôt cet automne, ils ont ciblé un individu qui les a menés vers des adresses liées à Giuseppe De Vito, alias Ponytail.

Le même individu les a dirigés vers un réseau de trafiquants, et les policiers ont perquisitionné dans quatre immeubles, dont l'ancienne résidence maintenant inoccupée de Giuseppe De Vito, rue de l'Adjudant à Laval. Ils ont arrêté trois individus et saisi une arme à feu, 10 000$ en argent, de la cocaïne et de la marijuana. Les trois suspects, dans la trentaine et la soixantaine, devraient comparaître cet après-midi au palais de justice de Montréal. D'autres perquisitions et arrestations pourraient suivre.

De Vito, 46 ans, purge actuellement une peine de 15 ans de prison pour complot pour importation de cocaïne à l'aéroport de Montréal. Recherché à la suite de l'opération Colisée en novembre 2006, il n'a été arrêté que quatre ans plus tard. Pendant sa cavale, ses deux filles ont été assassinées dans la maison de la rue de l'Adjudant; son ancienne conjointe, Adèle Sorella, est accusée du crime.

Ce drame a exacerbé la colère de De Vito, qui s'est fait tatouer les prénoms de ses deux filles et qui tient les membres d'une cellule du clan Rizzuto pour responsables de leur mort. Selon des documents de cour préparés par la police, De Vito serait à couteaux tirés avec le clan des Siciliens et aurait même mis un contrat sur la tête d'un de leurs membres. Il dirigerait son propre clan et serait devenu l'un des acteurs les plus importants de la mafia à Montréal.