L'intervention policière qui a coûté la vie à un sans-abri et à un passant, en juin 2011, a fait une troisième victime, à un tout autre degré.

Un des agents impliqués souffre d'un choc post-traumatique et sera indemnisé en conséquence, a appris La Presse. L'agent François Pelbois a relaté qu'il était «impliqué émotivement dans cet événement puisqu'il connaissait» Mario Hamel, le sans-abri tué. De plus, «il croyait fermement être en mesure de désamorcer la situation».

Ce n'est pas lui qui a ouvert le feu.

Ces informations proviennent d'une décision de la Commission des lésions professionnelles rendue le mois dernier. Cette décision casse celle qu'avait rendue la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), qui avait refusé d'indemniser M. Pelbois. Le montant de l'indemnité demeure inconnu.

Trois rencontres en une nuit

Depuis la mort de Mario Hamel et de Patrick Limoges, qui passait par là par hasard, François Pelbois a vécu des «moments d'angoisse» et a souffert d'insomnie.

Tout de suite après l'intervention, «une fois l'adrénaline diminuée», le policier a commencé «à trembler et à pleurer». Transporté à l'hôpital, François Pelbois a reçu un diagnostic de choc post-traumatique.

Devant la Commission des lésions professionnelles, l'agent a affirmé qu'il connaissait Mario Hamel puisqu'il patrouillait au centre-ville depuis plusieurs années. Rien que dans la nuit qui a précédé l'intervention malheureuse, il lui avait parlé à trois reprises.

Même si le public associe les chocs post-traumatiques aux militaires de retour de mission, les policiers sont nombreux à en être victimes, selon Wayne Corneil, spécialiste du sujet à l'Université d'Ottawa.

«Ça touche les policiers à un taux presque aussi élevé que les militaires. Des policiers, des pompiers, des ambulanciers et même des médecins qui travaillent aux urgences» peuvent souffrir de ce problème de santé mentale, selon M. Corneil.

Le spécialiste ajoute que le choc post-traumatique fait suite à un événement au cours duquel une vie est perdue ou sérieusement mise en danger, que ce soit celle du malade ou une autre.

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Mécanisme défectueux

La décision de la Commission des lésions professionnelles met en lumière un problème technique qui a peut-être coûté la vie à Mario Hamel et à Patrick Limoges. À un moment de l'intervention, selon la version de l'agent François Pelbois, Mario Hamel était bien positionné pour recevoir en plein visage un jet de gaz poivre qui l'aurait neutralisé. Mais le mécanisme du pulvérisateur s'est enrayé, ce qui a causé «un moment de panique» pendant lequel M. Pelbois s'est senti «en réel danger». Il se trouvait alors à quelque 5 mètres de Mario Hamel. Le rapport du coroner, dont La Presse a révélé le contenu il y a deux semaines, fait aussi référence à ce problème.